RESUME : Dès le lendemain, Hakim et Fares m'accompagnent pour visiter le village. À chaque pas je découvrais une antiquité... Tout parlait du passé... Il n'y a pas une pierre ou un arbre où l'on ne décelait une nostalgie. Nous voici dans la grande maison familiale. Ahmed, le petit neveu de Louisa, nous reçois. Sa mère et sa femme se joignent à nous. Ahmed nous parle de la famille. Ses cousins, les enfants d'Idir, ont de leur côté fait des études. L'aîné enseignait en ville et était lui aussi père de famille. Le cadet était médecin et avait construit une maison au village, mais n'y venait que rarement ou juste pour les fêtes. Aïssa, le benjamin, venait de terminer ses études et habitait encore avec ses parents... Mais pour le moment il était en France. Ahmed semblait pensif en parlant de Aïssa : - Il part souvent en France. Aïssa est amoureux de Sophie-Meriem, la fille de Belkacem-Sébastien. Ahmed avait débité cette phrase à mon intention. Je saisissais amplement l'allusion. Tout comme son grand-père, Aïssa allait sûrement abandonner le village pour s'installer en France et épouser Sophie-Meriem... - Ce n'est pas pareil cette fois-ci... Aïssa n'a pas de famille. Il n'abandonne personne, si ce n'est ses parents... Et puis Sophie-Meriem n'est pas étrangère à la famille... Peut-être voudra-t-elle s'installer plutôt au village... ? - C'est ce que ne cesse de nous répéter Na Louisa qui adore Aïssa et Sophie-Meriem... Pour elle, il ne pourrait y avoir meilleur mariage dans la famille... La petite fille de Malek sera chez-elle ici au village et dans notre famille. Mais je doute fort que cette jeune femme acceptera de quitter Paris pour suivre Aïssa dans ce coin perdu. - Pourquoi pas... ? Les temps ont changé, et Aïssa est bien plus avisé que son grand-père. Même s'il compte s'installer en France, il n'oubliera pas les siens. Ahmed soupire : - J'espère bien, oncle Idir n'a plus personne auprès de lui en ce moment. Sa femme, Na Ourdia est fatiguée... Elle a besoin d'avoir quelqu'un auprès d'elle pour l'aider. De temps à autre, c'est Naïma, ma sœur, qui lui fait le ménage. Je souris : - Belaïd semble avoir un peu plus de chance. Mais enfin, je vois que vous aussi vous êtes installés en ville. - Moi... Mais Omar mon jeune frère habite avec mes parents... C'est lui qui gère les domaines agricoles... Mon père tente de perpétuer la tradition... Nous sommes tous passés par "le stage pratique "... Je veux dire qu'il nous a obligés à connaitre la terre, à l'aimer et à la travailler, avant de profiter de ses rendements. - Une bonne leçon pour les futures générations aussi... - Oui, je n'en doute pas... Il prend son fils sur ses genoux et se met à lui caresser les cheveux : - Je ramène souvent Yacine ici... Il adore la campagne, et je ne l'en prive pas. Sara se met à rire : - Dis plutôt que toi aussi tu t'es détaché de tous les travaux agricoles pour t'installer en ville. Ahmed lève une main dans un geste protestant : - Je suis avocat... Je ne peux pas abandonner mes clients pour courir dans les près. Néanmoins, je crois que je n'ai jamais raté un week-end au village depuis notre mariage. Yamina, qui avait gardé le silence jusque-là, reverse du café dans les tasses avant de lancer : - Belaïd prend de l'âge et il veut voir ses enfants auprès de lui. Omar vit parmi nous, et nous sommes heureux de recevoir Ahmed de temps à autre... On ne peut pas tout avoir. - Omar a fait de l'agronomie... comme son oncle Lounes. - C'est curieux, Hakim aussi est dans l'agronomie. Hakim dépose sa tasse et lance : - Je ne sais comment t'expliquer ça... On aime la terre tout comme nos ancêtres. Il y a quelque chose qui nous attire vers elle, un retour vers le passé. C'est dans le sang, tu comprends ? - Le retour aux sources est une noblesse. Je me lève et me mets à marcher à travers la grande salle. Ahmed me suit pour m'expliquer la disposition de certaines choses : - Dans le temps, cette salle était divisée en deux parties : côté animaux, et côté famille... Plus tard, mon grand-père, ou plutôt mon arrière-grand-père, avait jugé opportun de construire des écuries dans la cour car le nombre du bétail avait triplé. Les affaires marchaient bien et il fallait donner plus d'espace aux animaux. De nos jours, nous avons fait construire une laiterie non loin d'ici. Nos vaches donnent le meilleur lait de la région. Nous ressortons dans la cour, et Ahmed nous précède vers la route. Il tendit son index pour nous montrer les champs qui s'étendaient à l'infini : - Tous ces espaces appartiennent à notre famille. Grace à Kamel qui avait pu récupérer nos biens à temps, nos champs ont prospérés, et nous avons même acheté d'autres propriétés. Il nous montre des champs de vignes, des champs de blé, de légumes, des arbres fruitiers et les fameux oliviers sur la colline. (À suivre) Y. H.