Jacques Scharbook, ancien directeur commercial de Renault véhicules industriels à Oran, a récupéré sa fille Sophie après un long et douloureux bras de fer qui l'a opposé à sa belle-famille algérienne. Au lendemain de la mort de sa femme, en mars 2005, Jacques Scharbook a donc vu sa fille confisquée par sa belle-mère. Depuis, les deux parties se sont engagées dans une bataille juridique autour de la garde de Sophie. Pour la première fois, le père de Sophie s'exprime dans la presse algérienne. Dans quelles conditions avez-vous récupéré votre fille Sophie ? Sophie est arrivée à Marseille en provenance d'Alger dans la soirée du mercredi 1er juillet, accompagnée du consul général de France, Francis Heude, et de l'assistante sociale de l'ambassade de France à Alger. C'est dans cette même journée que le ministère algérien des Affaires étrangères a pris contact avec l'ambassade de France pour lui remettre Sophie. Contrairement à ce qu'on a dit ici et là, Sophie a été immédiatement transférée à Alger, aussitôt qu'elle a été retrouvée par la police, le 15 mars 2008 à Oran. Depuis, elle était placée dans un foyer d'accueil dans la capitale algérienne. Dans quelles conditions les autorités algériennes ont-elles décidé de vous restituer Sophie alors que cela devait se faire au début du mois d'avril dernier ? Je n'en ai aucune idée. La restitution a été faite dans le plus grand secret. Ce dont je suis sûr, c'est que le président Sarkozy a écrit une lettre au président algérien, dans la première quinzaine du mois dernier. Comment se sont passées les retrouvailles avec Sophie ? Pour le moment, nous nous voyons tous les jours. Pendant une semaine, elle était hébergée dans un hôtel, mais depuis lundi 6 juillet, elle habite dans notre maison. Sophie va au manège, à la plage et elle a même choisi la couleur de sa chambre, elle adore le rose... Elle est en excellente santé. Elle parle français et arabe parfaitement. Ira-t-elle à l'école dès septembre prochain ? Evidemment. Il faut savoir qu'elle n'a jamais été scolarisée en Algérie alors qu'elle est aujourd'hui âgée de 7 ans. C'est une enfant curieuse et qui a une très grande envie d'aller à l'école. Réclame-t-elle sa grand-mère ou ses tantes ? Non. Je ne l'ai jamais entendu réclamer sa grand-mère ni ses tantes ni ses oncles. Il faut dire que pour le moment, elle est très occupée et découvre de nouvelles choses. Ma fille Sophie a une famille du côté algérien. Je ne dénigrerai jamais sa mère (décédée en mars 2005, ndlr), ses tantes, ses oncles ou sa grand-mère. Je n'ai jamais voulu chercher à la couper de mon ex-belle-famille. On ne peut pas, on n'a pas le droit de faire subir aux enfants les disputes des adultes. Mais ces interminables palabres ne sont pas mon fait. On m'a enlevé ma fille... Et si votre belle-famille souhaite revoir Sophie, lui accorderez-vous le droit de visite ? Je n'ai jamais voulu que mon ex-belle-famille soit coupée de Sophie. C'est mon ex-belle-famille qui a tout fait pour qu'on en arrive là. Quand Sophie m'a revu la semaine dernière, elle avait dit à l'assistante sociale : « Je ne veux pas rester avec le monsieur, parce que les Français vont me brûler. » Je suppose qu'on avait conditionné la petite pour avoir la haine de son papa...Je ne ferme pas la porte à mon ex-belle-famille algérienne. Si elle arrête de me dénigrer, si elle abandonne les actions en justice, du reste inutiles, je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'elle rende visite à Sophie si elle le souhaite. Mais de grâce, qu'on arrête de raconter n'importe quoi sur moi. On a dit que vous souhaitiez baptiser Sophie ? Je tiens à préciser que ma fille a la culture de sa mère. Par respect pour mon épouse décédée en 2005, jamais je ne forcerai Sophie à renier cette culture. Il n'y aura ni baptême ni parrain. A la naissance de la petite, en décembre 2001, c'est ma femme qui a choisi le prénom de Sophie. La belle-famille conteste votre paternité et soutient que Sophie est née d'un autre père... Ceux qui colportent ce genre de rumeurs devraient avoir honte, car ils font passer mon épouse pour une traînée, une putain... Sur ce chapitre, je ne pardonnerai jamais que l'on ait traîné ainsi ma femme dans la boue et sali sa réputation. Ont-ils pensé à Sophie en propageant ces ignominies ? Cela dit, je le répète, je ne les priverai pas de Sophie s'ils reviennent à de meilleurs sentiments. Je tiens à remercier l'Etat algérien, les services de sécurité algériens qui ont fait un travail remarquable, ainsi que les magistrats qui ont géré cette affaire avec probité. S. O.-A.