La saisie de centaines d'oiseaux récemment effectuée par les gendarmes sur un braconnier interpelle les autorités sur la gravité de l'atteinte à la faune locale. Un individu a été interpellé vendredi, à Bouchegouf (Guelma), en possession d'un lot de 500 chardonnerets, enfermés dans une dizaine de cages à oiseaux qu'il tentait de faire passer à Annaba. Cette prise importante a été effectuée par les gendarmes de la brigade d'Oued Cheham (wilaya de Guelma), qui étaient en patrouille sur la RN 16, reliant Souk-Ahras à Annaba. Le mis en cause transportait sa marchandise pas comme les autres à bord d'un autocar. On apprend à ce sujet que les oiseaux saisis ont été pris en charge par la Conservation des forêts de Bouchegouf. Cette saisie record intervient au moment où des associations locales sont montées au créneau pour avertir du risque d'extinction de plusieurs espèces d'oiseaux de nos forêts. Dans l'est du pays, le chardonneret est sérieusement menacé. Dans certaines zones, il a presque disparu en raison du comportement sauvage qu'adoptent les chasseurs de ce type d'oiseaux. Que ce soit au moyen du filet ou de la glue, la majorité des chasseurs gardent les mâles et tuent les femelles. Dans un passé récent, il ne coûtait qu'entre 100 et 300 DA seulement. Aujourd'hui, le prix du chardonneret, appelé communément à Annaba “Boumzyen", a atteint une prix dépassant l'entendement. Un bon chardonneret est, en effet, cédé au prix d'un bon mouton. Ainsi, un plaqué en cage d'une année dépasse souvent les 7 000 DA, alors que celui d'un vieux “khaloui" varie entre 10 000 et 12 000 DA. Un chardonneret nicheur en cage est pratiquement inabordable. Avec cette aptitude, il y a de quoi intéresser les gros spéculateurs, y compris les grainiers. Depuis la nuit des temps, Annaba figure en tête, après Alger, de la liste des rares marchés sur le territoire national de cette catégorie. Aujourd'hui, les marchés d'oiseaux chanteurs ont poussé comme des champignons un peu partout dans les grandes agglomérations. Espèce de la famille des passériformes pourtant censée être protégée par la loi, le chardonneret forme de nos jours le marché le plus rentable. Sa commercialisation attire un grand nombre de connaisseurs y compris en provenance de France. Ce commerce connaît un net fléchissement avec en plus une tendance vers la disparition pure et simple du chardonneret à tête rouge vif, au dos brunâtre, au croupion blanc, à la couronne, ailes et queue noires. L'élevage des oiseaux chanteurs notamment a attiré la grande foule ces dernières années. Il s'est transformé, d'ailleurs, en une véritable industrie. B. B