Pendant ce Ramadhan encore, l'aide aux plus démunis est effective au Croissant-Rouge de Souk Ahras. à cette enseigne, bénévoles et bénéficiaires livrent leur sentiment... Il est 17h. On se bouscule déjà devant l'entrée de la cuisine de la cantine de cette ancienne école, une dépendance qui est dotée d'un équipement complet et des plus performants, force est de le constater. On y prépare, sans trop de problèmes, un peu plus de 1400 repas par jour, affirme l'une des six femmes préposées à l'office. Ceci à condition de s'y prendre tôt et de disposer de toutes les denrées, précise notre interlocutrice. À ce propos, M. Aggouni, le président du CRA, assure qu'il n'y a pas de soucis à se faire, les dotations sont plus que suffisantes grâce aux généreux donateurs, dont un grand nombre aurait requis l'anonymat, par modestie. M. Aggouni indique que ceux-ci ont répondu spontanément à l'appel lancé par le wali de Souk Ahras, relayé par l'ensemble des membres de l'exécutif, en mai dernier. "Les repas sont préparés à partir de 11h sous la direction avisée de pas moins de quatre chefs cuisiniers volontaires, dont l'un est aux batteries du prestigieux complexe touristique Sabri de Annaba. Comme vous pouvez le constater, nous servons des repas aussi consistants que complets, desserts variés et limonade compris, à ceux qui le souhaitent. Cette année, nous avons pris encore plus de dispositions en matière d'hygiène et de salubrité. Le Croissant-Rouge s'est doté d'un camion frigorifique, ce qui permet de ne pas rompre la chaîne du froid des quelque 8 qx de viande que nous ramenons périodiquement depuis les magasins généraux de Skikda, notre principal fournisseur. Ce véhicule dessert les six principaux restaurants de la wilaya, qui sont implantés à Sedrata, M'daourouch, Mechroha et Souk Ahras", déclare avec fierté le premier responsable du CRA. Et d'ajouter que le menu de la meïda de Ramadhan est annoncé quotidiennement à travers les ondes de la radio locale, ainsi chaque bénéficiaire sait exactement ce qu'il va manger à l'heure du f'tour. "Nous faisons tout pour que les citoyens qui se présentent au restaurant ne ressentent aucune gêne en venant récupérer le repas familial. Nous pensons que notre objectif a été atteint, en préservant la dignité des personnes dans le besoin tout en répondant à leur attente", devait-il ajouter. L'ambiance bon enfant, qui règne dans les couloirs de la cantine Pasteur, confirme un tant soit peu les affirmations de M. Aggouni. On ne décèle, en effet, pas le moindre signe d'embarras sur le visage des mères de famille et des hommes de différents âges, qui attendent patiemment leur tour, un panier à la main. Une femme, la cinquantaine, se présente à l'enregistrement. Après une bise à la jeune bénévole qui assure l'accueil, elle s'avance naturellement dans la file. "Je fais partie de ces nouveaux pauvres. Je suis veuve depuis trois ans et je dispose d'une pension trop maigre pour subvenir aux besoins de ma petite famille, avoue-t-elle. Aujourd'hui, j'ai osé passer par la porte du Croissant-Rouge sur insistance d'une amie, également bénéficiaire." Un gros couffin à ses pieds et un sac en plastique à la main, cet homme d'un certain âge est vêtu convenablement comme la plupart des bénéficiaires. "C'est agréable de venir ici et de discuter avec les gens qui viennent ici depuis le début du Ramadhan. Tous sont dans la précarité et cherchent à gagner décemment leur vie, mais n'y arrivent pas malheureusement. Sans la meïda de Ramadhan, je ne sais pas ce que je mangerai", confie-t-il, le regard lointain. Dans la salle aménagée en réfectoire, où les couverts pour une centaine de personnes sont mis dès 19h, les galères du quotidien côtoient la bonne humeur des bénévoles. "Cette pitance quotidienne ne suffit pas, je tiens énormément aux liens tissés avec les bénéficiaires", explique le responsable du restaurant, qui fait remarquer que la situation s'est nettement améliorée depuis 2010, avec le concours de la DAS. "J'aimerais personnellement faire davantage et proposer du travail à ces gens. On ne peut laisser personne sur la brèche, car nul n'est à l'abri des aléas de la vie", déplore le bénévole. Dans la grande salle, la distribution se poursuit. Bouteilles de limonade, chorba, viandes et desserts. Un sourire accompagne le don. Les bénévoles donnent tout ce qu'ils peuvent. De son côté, M. Aggouni annonce qu'il a déjà commencé à préparer les colis de vêtements neufs qu'il destine aux enfants nécessiteux à l'occasion de l'Aïd prochain. Selon ses prévisions, cette dotation devrait bénéficier à quelque 500 enfants des 26 communes de la wilaya. Il est même question de faire des dons du même genre aux enfants des ressortissants algériens vivant en Tunisie, à Sakiet Sidi Youssef, à Jendouba et au Kef. A. A