Contrairement à certaines idées reçues, le Coran n'est pas un assemblage de versets sans liens logiques et structurels comme on a l'habitude de le présenter dans les traductions sans s'occuper des schémas thématiques de lecture. C'est une tare que des traducteurs perpétuent sans se rendre compte de la fidélité au texte original. Je suis particulièrement les difficultés qu'éprouvent les gens nouvellement convertis ou qui veulent avoir des accès faciles du fait que l'on leur présente des assemblages de versets compacts et en l'état ne sachant par où commencer. C'est l'exemple d'une intellectuelle canadienne, habituée à l'esprit cartésien, qui avait parcouru des livres et des pays pour se renseigner sur le contenu du Coran et trouver un ouvrage clair pur l'orienter avant de se convertir. Des efforts sont fournis par des traducteurs réformateurs au contact des outils modernes de travail et d'analyse. Nous citons à titre d'exemple, celui méritoire d'origine algérienne, Med Chebel, universitaire installé en France, qui va dans ce sens pour permettre une meilleure pénétration du texte sacré. Les difficultés viennent du fait que les exégètes en arabe sont d'un retard énorme au plan de la méthode. Les quelque essais concluants sont marginalisés par les tenants du statisme et du suivisme. Je cite l'ouvrage courageux du défunt cheikh Hanbaka qui avait tenté de casser la coquille en proposant pas moins et précocement d'architecturer les sourates du Coran en traitant sourate El Fourkane (le Coran) selon une unité de lecture. Quel courage intellectuel tout en officiant dans une université du Royaume saoudien, le cœur du wahhabisme dont les savants officiels avait décidé de clôturer l'effort en la matière. Toutefois le professeur Hanbaka d'origine syrienne qui avait pourtant formé des élèves et des disciples, était parti trop tôt au début des années 1990, pour laisser le vide autour de lui, dominé par le discours littéraire ronronnant et le grand tapage à l'efficacité limitée de nombre de “cheyoukhs" à l'apparence tranquille qui meublent à longueur de journée nos émissions télé spécialisées. Le mal de Hanbaka est qu'il avait prêché dans un désert non apte à recevoir la méthode d'approche nouvelle et qui est préparé à perpétuer encore le repli sur soi. Des méthodes peut-être de bonne foi, habillées au nom du modernisme sont souvent brandies ça et là en induisant les gens en erreur pour leur faire admettre des changements positifs et l'efficacité. Je cite l'exemple du professeur Ghouthani, passé pour être spécialisé dans l'apprentissage coranique de façon simple et rapide et dont les cycles et tournées en Algérie sont très suivis par des étudiants avides de connaissances et surtout de découvertes. Il se targue d'avoir innover en aidant une jeune récitante à apprendre le Coran par cœur en 45 jours grâce aux méthodes d'agrandissement des capacités de mémoire. C'est un record en la matière, soutient-il. Seulement la méthode utilisée par notre éminent professeur ne dépasse pas le cadre de l'apprentissage mécanique propre à nos talebs et nos zouias. Qu'est-ce qui presse? Il invite les récitants choisis à se concentrer sur le texte et de l'incruster à l'intérieur de la mémoire. Le reste, c'est le retour à l'exercice coutumier pourvu qu'on garde la cadence de rappel. Il conseille même de ne pas changer de livre pour se fixer la page et les caractères. Par contre aucun effort de traitement de texte. Aucune approche et aucune analyse structurelle proposées. C'est le parcourisme à outrance habillé autrement! Au départ, les gens l'écoutaient comme un missionnaire venu en sauveur prêcher dans un territoire vierge. Mais de plus en plus d'enseignants et même d'étudiants s'aperçoivent de la supercherie et la limite de la méthode proposée et font la différence entre les apports nouveaux et l'absence de propositions concrètes pour avancer dans un domaine où il est difficile d'avancer. C'est dommage que ce professeur, versé dans le développement des ressources humaines, se fût trompé de cibles en passant à côté. Plus élégant, plus performant, plus ouvert en étant enraciné dans les valeurs islamiques, le professeur Ibrahim El Faqi, disparu tragiquement ces derniers mois, avait tenté d'introduire avec succès des méthodes nouvelles, porteuses de projets et de richesses en encourageant l'intelligence et l'initiative. Malheureusement, ce chercheur émérite installé en Amérique du Nord, disparut subitement à un âge où il se préparait avec le meilleur de lui-même dans son pays, l'Egypte et le monde arabe dont l'Algérie. Il avait encouragé la naissance chez nous de centres pour le développement des ressources humaines avec des méthodes modernes calculées sur les modèles les plus performants et les plus fiables.