Nous continuons à énumérer quelques-uns des éléments de la pédagogie des premiers compagnons dans la transmission orale et écrite du texte coranique, elle-même directement héritée du premier maître sur terre, le Prophète (P et S . sur lui). On peut dire qu'elle est complète et en harmonie avec la particularité du Coran. Seulement, du temps des premiers compagnons, il n'y en a plus. Il n'y a plus de révélation. Du Prophète aussi. Mais sa méthode a été gardée en étant scrupuleusement respectée. Apprendre le Coran Apprendre le Coran diffère des autres matières, étant entouré d'un climat et d'une ferveur exceptionnels. Sur le plan psychologique, le fidèle, en général, et l'élève, en particulier, sont conditionnés par une préparation au plan moral pour être prêts et disponibles physiquement en étant constamment propres et dispos, pour aimer le Coran, parole divine, connaître les mérites de sa lecture et son apprentissage, les moments fertiles et propices à la lecture et à la méditation. La nécessité de l'apprendre d'un bon maître pour assurer l'exactitude de la prononciation des termes, la connaissance des versets et des sourates. Non seulement les compagnons ont une connaissance parfaite des sourates et des versets, mais aussi de leur sens et des conditions de la révélation et même des lieux et des personnes impliquées. Généralement, l'apprentissage débute juste après la prière du matin (sobh) par la tenue de cours qui durent jusqu'au lever du soleil. Durant la journée, les gens vaquaient à leurs besognes, ce qui ne les empêche pas de réciter, de se rappeler et surtout de méditer sur ce qu'ils avaient appris tôt le matin. Ce n'est pas fini. Dans la soirée, généralement entre la prière du maghreb et du ichaa, des séances de révision terminent la boucle. Toutefois, il est recommandé aux récitants de se donner du repos et d'étaler la lecture dans le temps en interdisant par exemple de réciter le Coran en entier en moins de trois jours, ce qui est impossible pour saisir le sens de ce qu'on lit. Pourquoi se bousculer ? Se basant sur ces critères, le professeur oriental Ghouthani, qui est connu des étudiants algériens en théologie, en tenant régulièrement des séminaires chez nous, en faisant un tabac dans les journaux et les médias, s'est proposé pour reconstituer cette tradition coranique à laquelle il a ajouté des techniques nouvelles de concentration et d'agrandissement des capacités de mémoire, dans le cadre la valorisation des ressources humaines pour battre le record de temps d'apprentissage du Coran en le portant à seulement quarante-cinq jours ! Toutefois, les spécialistes lui reprochent de faire dans la démagogie en s'attachant à un seul volet, le plus facile, l'apprentissage par cœur, et en négligeant un aspect important, l'analyse structurelle qui permet d'assurer une jonction entre la compréhension et la mémorisation, sur la trace des vrais prédécesseurs, avec des récitants homogènes et complets et non pas en produisant des phénomènes de récitants sans état d'âme. Sur ce plan c'est toute la problématique de la pédagogie de l'apprentissage qui est posée chez nous. Ceci est en porte-à-faux des premiers enseignements qui privilégient d'abord la compréhension, l'intelligence, la faculté de discernement pour faciliter l'apprentissage. De plus, il y a des calendriers à respecter. Pourquoi se presser en négligeant tout cela au profit de l'apprentissage presque mécanique, ciblant surtout les enfants en bas âge, en les brutalisant et leur faisant sacrifier leur tendre enfance. L'exemple de Ibn Abass et Ali Pourquoi faire apprendre en entier le Coran à un gamin de quatre à six ans rien que pour se dire que c'est un miracle ou prouver son intelligence. Certes, l'apprentissage précoce est recommandé aux enfants, mais pas à ce prix ! Grâce un programme pédagogique qui va avec l'esprit et la nature de l'enfant, étalé dans le temps sur une période de six à quatorze ans, l'enfant peut arriver aux résultats voulus avec une meilleure performance et une meilleure approche qui le disposera à un avenir meilleur. Ibn Abass, que Dieu l'agrée, l'exemple presque parfait, élève modèle ayant vécu sa tendre enfance dans la maison du Prophète (P. et S. sur lui) de surcroit, s'est distingué à quinze ans, une fois devenu adolescent. Avant lui Ali Ibn Abi Taleb, que Dieu honore son visage, premier enfant à adopter l'islam, avait appris le Coran au fur et à mesure de la révélation tout au long de la période mecquoise et celle de Médine. (À suivre) S. B. Email : [email protected]