Une sécheresse impitoyable frappe depuis le mois de juin dernier plus de 60% des territoires des Etats-Unis. Cette aridité inattendue qui touche le premier producteur mondial de soja et de maïs et le plus gros exportateur de blé engendrera des conséquences directes sur le marché international. Les prévisions de récoltes aux USA pour la campagne 2012/2013, sont d'ores et déjà revues à la baisse pour ces deux produits boursiers. Ce qui va provoquer indubitablement une flambée des prix des matières premières agricoles. Des cours qui risquent encore de gonfler d'ici à la fin de l'année 2012. En un mois, les prix du maïs — la céréale la plus échangée — du blé et du soja se sont ainsi envolés de 30% voire 50%. À l'instar des autres pays africains, l'Algérie va subir de plein fouet cette crise qui se profile à l'horizon. En dépit des estimations d'une production qui se situerait, d'ici à la fin de l'exercice 2012, entre 56 et 58 millions de quintaux (q), notre pays continuera à sortir sur le marché céréalier international pour importer. Car, si la production nationale couvrira les besoins en blé dur et en orge, il n'en demeure pas moins que les quantités de blé tendre produites ne répondent pas à la demande évaluée à plus de 4,5 millions de qx. Ces opérations d'importations se poursuivront d'autant plus que l'Algérie doit se prémunir contre toute mauvaise récolte qui peut arriver dès le début de l'année 2013. Pour cela, notre pays doit constituer des stocks suffisants pour faire face à cette éventualité. Les quantités déjà stockées couvriront, certes, les besoins jusqu'au mois de janvier prochain. Or, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) n'attendra pas jusqu'au début de l'année 2013 pour faire ses achats. L'office doit renouveler régulièrement ses stocks afin d'éviter toute rupture que pourrait provoquer une catastrophe naturelle ou autres évènements de diverses natures. L'on n'imagine vraiment pas l'Algérie sans stocks de céréales pendant un mois ! Dans pareil cas, l'on appréhenderait vraiment la réaction de la population... Une chose est certaine, les pouvoirs publics ne vont pas s'“aventurer" à faire vivre aux citoyens une telle situation dans un pays doté d'une aisance financière sans précédent. L'Etat fait de la sécurité alimentaire du pays une question de souveraineté. L'exportation d'orge, le repaire... Mieux, l'on perçoit mal que l'Algérie puisse réaliser une opération d'exportation d'orge en 2010 et subir une année plus tard une rupture de produits céréaliers ! La bonne récolte de 2009 évaluée à 9 millions de q de cette céréale et les 3 millions de q de réserves soit un stock de 12 millions de q, a encouragé notre pays à s'essayer de nouveau pour l'export. L'Algérie s'est, en fait, retrouvée en 2010 avec un excédent de 6 millions de q d'orge, après avoir satisfait les besoins de 2,5 millions de q dédiés auparavant aux brebis reproductrices des régions pastorales et agropastorales, des 600 000 q destinés aux fabricants d'aliments de bétail et des 400 000 réservés à la consommation humaine. Et compte tenu des difficultés de conservation de l'orge de par sa fragilité, il fallait trouver un débouché. D'où le choix de l'exportation de plus de 11 000 tonnes. Cette opération, unique en son genre depuis 40 ans, a été réalisée selon les normes requises à savoir appel d'offres international, fourniture des certifications notamment l'origine, phytosanitaire, de qualité et autres exigées par l'acheteur. Celui-ci était un français Granit Négoce qui, à son tour, a vendu à l'office du commerce tunisien. À vrai dire, le ministère de l'Agriculture voulait montrer, à travers cette action, qu'il est désormais possible, d'exporter. Il a su briser le tabou et réussir à convaincre les agriculteurs du bien-fondé de sa politique de renouveau agricole. Cependant, cette dynamique qui anime le secteur commence apparemment à déranger. B. K.