La décision du RND de rouler pour Bouteflika marque, incontestablement, un nouveau tournant dans la bataille de la présidentielle prochaine. Le suspense aura été jusque-là la marque distinctive de l'élection présidentielle prochaine. Bien qu'ayant été depuis des semaines, voire des mois, au centre du débat, qui agite la scène politique, alimenté à coups de conjectures et parasité par la cuisine interne du FLN, ce rendez-vous électoral n'offrait pas pour autant une lisibilité assez suffisante pour autoriser l'observateur à des appréciations fiables, singulièrement au sujet des forces qui se jetteront dans la bataille. Des candidatures sont certes annoncées depuis des jours ici et là, mais beaucoup plus pour l'histoire. Car, les véritables acteurs attendaient jusque-là le signal de qui de droit pour lever un coin du voile sur leurs intentions et leurs stratégies. Ce qui semble être le cas maintenant, puisque nous assistons depuis mardi, à une accélération des événements, justifiée, il est vrai, par la proximité de l'échéance, la convocation du corps devant intervenir dans les jours à venir. Il y a d'abord la sortie de Mouloud Hamrouche, au moment justement où tous les observateurs faisaient assaut d'interrogations sur sa réserve. Ceux qui connaissent l'ancien Chef du gouvernement de Chadli, pour l'avoir côtoyé, assurent qu'il n'est pas homme à monter au créneau, sans calculer ses risques. Peut-on dire alors qu'il est le joker du système qui, pour une fois, est confronté au choix des embarras. Mais plus que la déclaration politique de Mouloud Hamrouche, qui reste tout de même un fait majeur, quant à l'enjeu de la présidentielle, c'est aussi ce qui s'est passé ce week-end au RND qui a valeur d'indice. Le parti dirigé par Ahmed Ouyahia, dont on dit qu'il est la façade politique d'une partie de l'armée, décide donc, au terme de son conseil national, d'appeler à la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Cette décision a au moins deux implications immédiates. La première est qu'elle nous éclaire sur les intentions du Chef du gouvernement actuel, qui consent ainsi à mettre en sourdine son ambition présidentielle, pour continuer à jouer le rôle de brillant second. Il doit désormais prendre son mal en patience, en attendant 2009. Si tout va bien, bien sûr. La deuxième est que la position du RND, comme dans la théorie des dominos, est faite pour donner le “la” à d'autres acteurs politiques qui vont, à la queue leu leu, souscrire à la même démarche de soutien au président en exercice. Ce qui pourrait d'ailleurs se vérifier dans les heures à venir, avec les actions annoncées par les deux ailes du FLN, appelées à en finir avec la guerre de tranchées qu'elles se livrent depuis des mois. Benflis convoque une cession du comité central pour prendre les devants, dans le cas où la justice trancherait en faveur des “redresseurs”. Ces derniers, décidés à tenir leur congrès, coûte que coûte, se feront forts d'exprimer alors leur soutien à la candidature de Bouteflika. Le RND puis le FLN, les deux fers au feu du système qui font cause commune en attendant les autres qui ne manqueront pas de rentrer dans les rangs, en attendant juste un signal, comme le réclame, par exemple le MSP, version Soltani. Cette subite agitation des formations de l'establishment sera bientôt confortée par l'entrée en bataille des démocrates qui peaufinent leur stratégie afin d'offrir aux Algériens une alternative qui casse la bipolarité pouvoir/ islamistes. Quid de ces derniers ? N. S.