Les antidialoguistes préparent une interwilayas qui se tiendra probablement à Béjaïa. Désormais, Ouyahia aura son dialogue. Et la démarche de l'aile “dialoguiste” des archs qui jubilait ce week-end suite au dernier communiqué du chef du gouvernement ne fait qu'accélérer le processus de négociations entamé bien avant. Et la question se pose : comment concrétiser un dialogue dont le principe même est contesté par d'autres coordinations des archs ? Le communiqué des services du chef du gouvernement, marque, à vrai dire, un recul par rapport aux précédents appels, en ce sens que le premier ministre a manifesté seulement “sa disponibilité à aborder la question de ces incidences, dès l'ouverture du dialogue pour la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur”. Or, le mouvement citoyen revendique d'abord la satisfaction des incidences avant d'entamer le dialogue de manière publique et officielle ; un dialogue censé concerner uniquement la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Mais voilà que, par concessions interposées, la CADC “version dialoguiste” accepte de discuter avec le pouvoir des préalables devenus subitement des “incidences”. Sans oublier que certains préalables politiquement significatifs sont passés à la trappe. Abrika et son groupe sont-ils conscients que leur démarche risque de casser la dynamique citoyenne ? Le dialogue engagé actuellement par le pouvoir, ne vise-t-il pas précisément cet objectif : casser les archs à la veille de la présidentielle ? Par ailleurs, il y a lieu de relever une contradiction dans la démarche des archs. Si maintenant le dialogue vise justement la satisfaction des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur, pourquoi alors prendre l'option du rejet des élections ; un rejet considéré comme étant un moyen de pression et non une fin en soi ? C'est ce que dans son essence même, la démarche du pouvoir cache mal des desseins inavoués. Le clan présidentiel, dans la perspective d'assurer un second mandat à M. Bouteflika, compte faire ainsi d'une pierre deux coups, imploser la dynamique des archs par un faux dialogue et neutraliser l'électorat kabyle que le chef de l'état a désespéré de rallier à sa cause. C'est pourquoi le pouvoir s'emploie à rendre effective cette vente concomitante : accepter le dialogue et rejeter la présidentielle. Il devient ainsi évident que ce processus de dialogue vise la normalisation de la Kabylie. Mais cette “fatalité” est refusée par les archs “antidialogue” qui accusent certains délégués partisans du dialogue d'être de connivence avec certains cercles du pouvoir. Les “antidialoguistes” s'inscrivent, désormais, dans l'après-dialogue. Ils préparent activement une rencontre interwilayas, probablement à Béjaïa, pour définir la suite du combat citoyen. Aujourd'hui, que le groupe d'Abrika a opté pour le dialogue avec le gouvernement, le mouvement citoyen en sortira-t-il indemne ? Il y a, d'un côté, les partisans du dialogue version Ouyahia et, de l'autre, les “antidialogue” qui restent fidèles aux résolutions de Raffour. Ces derniers soupçonnent leurs “frères ennemis” d'avoir passé un deal avec Ouyahia. Y. A.