Car en définitive, «dialoguer pour dialoguer» n'intéresse personne. Réunis le week-end dernier à Akbou, les dissidents ou les antidialoguistes, c'est selon, n'ont pas fait preuve d'une véritable détermination à mettre en échec la démarche des partisans du dialogue. Des débats de ce premier conclave interwilayas de l'aile dissidente des archs ressortaient fortement un certain doute et des incertitudes, quant à la réussite de leur offensive. Les animateurs donnaient l'impression de se chercher quelque peu et manquaient franchement de conviction au point où même la nature des actions de célébration du jour de l'an berbère, n'a pas été déterminée. Ce qui a amené de nombreux observateurs à s'interroger sur les capacités à gêner, au moins, l'option de l'autre aile. Outre la réaffirmation de leur position par rapport au dialogue, les animateurs de cette aile semblaient sceptiques, quant à leurs capacités de mobilisation. Conscients de tout ce qu'avait enduré la population depuis plusieurs mois, les délégués partisans n'ont pas voulu prendre trop de risques en optant directement pour une action d'envergure comme cela aurait été le cas en d'autres circonstances. Ce qui explique qu'ils n'en retiennent que le principe, laissant ainsi le soin aux différentes coordinations de juger, quant à la nature de la manifestation à initier le jour «J». Conscients que la réalité sur le terrain n'est plus la même, ils ont donc opté pour la prudence. La stratégie des antidialoguistes est essentiellement basée sur l'évolution des négociations qui s'ouvriront probablement dans quelques jours. Connaissant l'engouement des citoyens pour le dialogue comme moyen de règlement de la crise, les dissidents ont préféré temporiser. En effet, ils guetteront le moindre faux pas pour actionner la machine de la protestation sur le terrain, laquelle pourrait même obtenir le soutien populaire. Car en définitive, «dialoguer pour dialoguer» n'intéresse personne. Si pour l'heure, les citoyens se montrent majoritairement favorables à la démarche des partisans du dialogue, rien ne dit que cet état de fait est durable. Le moindre soupçon pourrait être exploité pour le renverser. Cette situation d'attente est à noter aussi chez certaines coordinations, à l'image d'El-Kseur et Seddouk à Béjaïa. La neutralité affichée cache mal « les calculs » de ces deux coordinations qui refusent pour l'heure, de s'impliquer en jouant sur la fibre de la réconciliation. Pour rappel, le mouvement citoyen vit depuis quelques mois, une situation de crise. A l'origine de cette crise qui couvait déjà du fait de la guerre de leadership et des injonctions partisanes, on note les appels successifs du chef du gouvernement pour un dialogue de règlement de crise en Kabylie. Ces appels ont, certes, trouvé une oreille attentive, mais n'ont pas épargné la cohésion du mouvement. Les conséquences se sont traduites par une fracture. En effet, alors que le dialogue se précisait peu à peu, des dissensions voyaient le jour au sein des structures du mouvement citoyen. Les premiers couacs eurent lieu au lendemain du conclave de Raffour lorsqu'une aile de Ccw Bouira s'est illustrée par la proposition «d'une délégation pour une rencontre préliminaire». On assistait déjà au réveil des démons de la méfiance. Résultat, cette structure s'est fissurée en deux ailes dont l'une fut vite cataloguée d'obédience RCD, pour l'appartenance de la majorité de ses animateurs à cette formation. Le même scénario se reproduira plus tard au sein des deux autres importantes coordinations sur fond de divergences autour du fameux document de mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. L'opportunisme des acteurs politiques de la région, ajouté au syndrome du leadership sera l'essentiel des raisons qui allaient se répercuter négativement sur le mouvement. Du lot se détachera une aile, présentée par le vocabulaire de «dissidente» ou encore d' «antidialoguiste».