L'Organisation de la conférence islamique, dont le poids politique n'est guère important, a cédé face à la pression de l'Arabie Saoudite et du Qatar, déterminés à changer le régime de Damas par tous les moyens, en adoptant au passage le “Pacte de La Mecque" appelant à un “Islam modéré". Focalisé sur la situation en Syrie, le sommet de l'OCI qui s'est déroulé à la Mecque, a, comme attendu, décidé de suspendre la Syrie de l'organisation afin d'isoler symboliquement le régime de Bachar al-Assad et de dénoncer la répression sanglante contre la rébellion. La pression exercée par les monarchies du Golfe emmenées par l'Arabie Saoudite, a fini par donner ses fruits et les dirigeants du monde musulman ont donné leur accord pour l'adoption du communiqué final publié dans la nuit de mercredi à jeudi, soulignant “la nécessité de mettre fin immédiatement aux actes de violence en Syrie et de suspendre ce pays de l'OCI". L'Iran, traditionnel allié de Damas, a été le seul des 57 membres de l'OCI, qui représentent un milliard et demi de musulmans à travers le monde, à refuser cette suspension que ses dirigeants ont qualifiée d'“injuste". Le secrétaire général de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, a qualifié en conférence de presse la décision de “message fort adressé par le monde musulman au régime syrien", avant d'ajouter : “Ce monde ne peut plus accepter un régime qui massacre son peuple en utilisant avions, chars et artillerie lourde". Il a aussi souligné que “c'est aussi un message adressé à la communauté internationale, disant que le monde musulman soutient une solution pacifique (en Syrie), veut la fin de l'effusion de sang et refuse que ce problème dégénère en conflit confessionnel et déborde sur la région". Il y a lieu de rappeler que la suspension de la Syrie a été recommandée par la réunion préparatoire du sommet de deux jours qui s'est tenu avec la participation d'une quarantaine de chefs d'Etat arabes, africains et asiatiques, membres de l'OCI. Un seul pays parmi les 57 membres de l'OCI, l'Iran s'est ouvertement opposé à la suspension de la Syrie. Dans une deuxième déclaration appelée “Pacte de La Mecque", le sommet a proclamé son soutien aux “peuples musulmans opprimés comme le peuple syrien". Il a souligné son appui aux “peuples musulmans opprimés (...) qui font face aux avions de combat et aux canons des armées régulières comme c'est le cas du peuple syrien". La déclaration insiste sur la coopération entre les Etats musulmans, sur la lutte contre les divisions entre musulmans, la promotion d'un “islam modéré", la “lutte contre le terrorisme et la pensée qui y conduit". Le “Pacte de La Mecque" se félicite également de la décision du roi Abdallah d'Arabie Saoudite, hôte du sommet, de créer à Ryad un centre pour favoriser le dialogue entre musulmans sunnites et chiites. Entretemps, à Genève, un nouveau rapport de la Commission d'enquête de l'ONU a accusé les forces gouvernementales syriennes et les chabbiha, des milices pro-régime, de crimes contre l'humanité, dont des meurtres et des tortures, tout en estimant que l'opposition armée était également coupable de crimes de guerre, mais à moindre échelle. La commission note une “détérioration significative de la situation depuis le 15 février", et prépare pour septembre “une liste confidentielle d'individus et d'unités" qui pourrait servir de base à d'éventuelles poursuites devant le Tribunal pénal international (TPI). M T