À quelques jours seulement de sa prise de fonction, prévue le 1er septembre prochain, le nouvel émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe s'est déclaré “effrayé" par sa mission, tout en insistant sur le fait qu'il ne ménagera aucun effort pour venir en aide au peuple syrien. Lors d'une discussion, vendredi dernier, avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, l'ancien chef de la diplomatie algérienne, qui prendra dans quelques jours le relais de Kofi Annan en qualité de médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, a déclaré être “effrayé" par sa mission. “Quand vous m'avez appelé, j'étais honoré, flatté, touché et effrayé. Je suis encore dans cet état d'esprit", a dit Lakhdar Brahimi au patron de l'ONU avant de s'entretenir avec des ambassadeurs au siège de l'instance onusienne. L'ex-ministre algérien des Affaires étrangères, qui avait fait l'objet de critiques de la part de l'opposition syrienne pour ne pas avoir appelé au départ du président syrien Bachar al-Assad, a aussi assuré que le peuple syrien serait sa priorité. Le peuple syrien “passera avant tout. Nous mettrons ses intérêts au-dessus de tout. Nous tâcherons d'apporter de l'aide autant que nous pourrons, nous n'économiserons pas nos efforts", a-t-il notamment souligné. Ban Ki-moon a indiqué de son côté que Lakhdar Brahimi aurait pour “tâche essentielle d'apporter en Syrie la paix, la stabilité, et la promotion des droits de l'homme." Cette rencontre avec le secrétaire général de l'ONU constituait le premier geste officiel de l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères depuis sa nomination au poste de médiateur le 14 août dernier en remplacement de Kofi Annan. La mission française auprès de l'ONU a annoncé que le nouveau médiateur onusien a rencontré ensuite, dans l'après-midi, l'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Araud, pour évoquer “les défis posés par sa mission et la situation en Syrie." Il y a lieu de rappeler que la France préside le Conseil de sécurité de l'ONU pour le mois d'août. La mission française a indiqué sur son compte twitter que MM. Araud et Brahimi “ont convenu d'organiser prochainement une réunion informelle" entre le nouveau médiateur et les 15 membres du Conseil de sécurité. Jeudi le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Meqdad, a déclaré que la Syrie coopérerait avec Lakhdar Brahimi afin de mettre en place “un dialogue national" au “plus vite". Depuis le début de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad en mars 2011, les violences ont fait 25 000 morts, en grande majorité des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), et poussé plus de 200 000 Syriens à fuir dans les pays voisins, selon le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). Aucune issue au conflit n'est en vue, la communauté internationale étant toujours aussi divisée entre les Occidentaux, d'une part, qui réclament le départ de Bachar al-Assad, et la Russie, la Chine et l'Iran, d'autre part, qui prônent un dialogue entre le pouvoir et l'opposition. Sur le terrain, l'aviation syrienne pilonnait hier plusieurs quartiers de la ville d'Alep où les violences redoublent d'intensité. D'autres bastions hostiles au régime étaient, de même, bombardés, comme la ville de Deraa, berceau de la contestation dans le Sud, des localités de la province d'Idleb et de Hama, selon l'OSDH. Signe que le conflit s'est durci, l'OSDH a fait état de plus de 4 000 morts ces trois dernières semaines. Après l'expiration dimanche dernier du mandat de la mission des observateurs de l'ONU, son chef, le général Babacar Gaye, a quitté hier Damas, a-t-on appris auprès de ses assistants. La mission, chargée depuis avril de surveiller un cessez-le-feu qui n'a jamais été appliqué, avait déjà dû interrompre ses patrouilles en juin en raison de la recrudescence des violences.