Résumé : À l'hôpital où elle travaille, Nadia réussit à créer tout un dossier médical pour son amie. Elle prend de gros risques et tente de taire sa mauvaise conscience, en se disant que ce n'est pas pour profiter de la générosité d'autrui et du contribuable vu qu'Aïda n'aura pas à être soignée. Ce dossier lui permettra de contrecarrer les projets de sa famille et d'avoir ainsi le temps d'attendre que Smaïl ait fini son service national... - Où diable étais-tu partie ? s'écrie Ali dès qu'il découvre sa fille sur le seuil de la porte. Comment oses-tu revenir après ce que la famille a subi à cause de toi ? Tu nous as déshonorés ! Pourquoi es-tu revenue ? On commençait à ne plus parler de toi, ici ! Ton prénom me fait horreur ! Je préférerais te savoir morte ! - Du calme monsieur ! Inutile de faire un scandale pour rien ! Ce n'est qu'à cet instant qu'il s'aperçoit de la présence de Nadia. Celle-ci pousse Aïda pour entrer dans la maison et en profite pour lui reprocher son accueil glacial. Elle a pris le bras de son amie et sa défense. - Elle n'a rien fait de mal... Pourquoi la culpabiliser et l'accuser d'avoir déshonoré la famille alors qu'elle était venue à Alger pour des soins ! - C'est encore quoi ces histoires ? crie Ali, attirant l'attention de sa femme qui est dans la cuisine. Celle-ci en sort et reste figée dans le hall quelques secondes en voyant sa fille, le teint pâle, les yeux larmoyants, l'air bien malheureuse. - Dieu merci, tu es vivante ! lâche-t-elle en réalisant qu'elle ne rêvait pas. Viens ma chérie... - Va te reposer Aïda, dit Nadia en la poussant vers sa mère. Je vais expliquer à ton père, les raisons qui t'ont poussée à partir... Ne t'en fais pas, il reviendra à de meilleurs sentiments ! - Oui, dit Ali, disparais de ma vue ! Karima emmène sa fille, en haut, heureuse de la retrouver malgré l'humiliation qu'elle leur a fait subir depuis des jours. Dès qu'elle est seule avec Ali, Nadia lui tient tête. - Elle n'a pas besoin de vos éclats de colère ! Elle est malade, gravement malade, insiste-t-elle. La maladie finira par avoir raison d'elle... L'effet est immédiat. Ali secoue la tête, il n'en revient pas. A-t-il bien entendu ? - Comment ça que la maladie aura raison d'elle ? Qu'est-ce qu'elle a ? Pourquoi ne nous a-t-elle rien dit ? - Elle n'a pas eu le courage de vous le dire... Peut-être voulait-elle vous éviter de souffrir ? émet Nadia. Je lui ai reproché d'être partie sans vous prévenir... Elle vous a mis dans la gêne, j'en ai conscience et je sais qu'elle le regrette ! - Le mal est fait... - Oui... Ecoutez... votre fille a un cancer du sein... On l'a découvert, dit Nadia, il y a six mois... - Un cancer ? reprend Ali. Ce n'est pas possible ! Elle est si jeune ! - C'est une maladie qui n'épargne personne, dit Nadia. Même s'il est déjà troublé par la nouvelle, elle décide de porter le dernier coup, en sortant de son sac à main, le dossier médical. Ali en est devenu blême. Il s'assoie. - Pourquoi ne nous a-t-elle rien dit ? - Je l'ignore mais quand elle est rentrée, vous parliez déjà de la marier, lui rappelle-t-elle. Elle n'a pas eu le courage de vous le dire... Il lui est difficile d'accepter sa maladie alors comment l'annoncer aux autres, ceux qui comptent le plus pour elle ? alors qu'elle ne se projette plus dans l'avenir à cause de sa maladie... - Elle est vraiment condamnée ? - Pour l'instant, il disent dans tous les résultats que c'est une tumeur bénigne... Mais son état reste alarmant, insiste Nadia. Elle aura d'autres examens à effectuer au Centre Pierre et Marie Curie... Si tout rentre dans l'ordre, elle n'aura que des contrôles ! - Inch Allah, ma pauvre petite... Mais si son état s'aggrave ? Nadia hausse l'épaule. - La fin est évidente, hélas, murmure-t-elle, regrettant d'avoir à mentir et d'être la cause de leurs souffrances. Pardonnez-moi, le prie-t-elle en posant la main sur son épaule. J'aurais voulu avoir de bonnes nouvelles... - Il le fallait...je vous remercie de l'avoir soutenue ! - C'est mon devoir, on est des amies depuis si longtemps, dit-elle avant de s'excuser. Je vais rejoindre Aïda... - La deuxième chambre, à droite ! Nadia monte à l'étage et quand elle pousse la porte, elle trouve la mère d'Aïda en pleurs. Elle en déduit qu'elle l'a mise au courant... (À suivre) A. K.