À défaut de remplir de nouveaux lycées, les responsables du secteur de l'éducation nationale n'ont d'autres choix que de surcharger les salles de classe existantes, trois élèves par table, pour placer le surplus de près de 200 000 lycéens. Les conséquences sont évidentes et regrettables pour une année charnière. Jour de fête et de retrouvailles pour 8 300 000 élèves qui ont repris hier le chemin de l'école. Pas facile d'être tiré du lit très tôt après des mois de grasse matinée, mais il suffit d'accorder quelques jours de transition aux écoliers pour qu'ils replongent dans l'ambiance des cours et des révisions. Il faudrait aussi et surtout leur garantir les conditions nécessaires pour la réussite de leur cursus scolaire. Paradoxalement, les bonnes conditions de scolarisation sont ce qui manque le plus à la rentrée scolaire 2012-2013 dont le coup d'envoi a été donné hier par Abdelatif Baba Ahmed au CEM Mohamed-Chouiter d'El-Biar. En effet, le manque pour ne pas dire l'inexistence d'infrastructures devant accueillir les élèves peut remettre en cause tout le cursus. Il ne suffit pas de garantir une place pédagogique et des manuels scolaires aux élèves pour s'enorgueillir d'avoir réussi le retour des classes. Intervenant dans un contexte des plus particuliers marqué notamment par l'arrivée d'un nouveau responsable, la rentrée scolaire de cette année est symbolisée également par la surcharge des classes ! Un énorme problème que la tutelle a été contrainte de reconnaître et de justifier pour minimiser un tant soit peu ses retombées et autres conséquences évidentes en vue de tenter de rassurer les parents. C'est à la veille de la rentrée scolaire que l'ancien ministre de l'Education nationale a confirmé les craintes de ses partenaires sociaux. “La rentrée scolaire sera marquée par un problème de surcharge des classes à travers 10 wilayas du pays", a soutenu Benbouzid, prenant le soin de préciser que les salles compteront 40 à 45 élèves ! Evidemment, le nombre peut aisément atteindre les 50 et plus dans les wilayas et circonscriptions où le manque d'établissements scolaires est plus important. En fait, le phénomène de la surcharge des classes ne date pas de cette rentrée, le système éducatif en a souffert des années durant mais il n'a jamais atteint une telle ampleur notamment pour le palier secondaire. Un surplus de près de 200 000 élèves est enregistré pour la 1re année secondaire. À chacun son astuce ! L'appréhension est énorme et la crainte d'une année difficile à faible rendement n'est pas à écarter. La réussite passe inévitablement par la bonne assimilation des cours prodigués par l'enseignant qui doit maîtriser et capter l'attention de tous ses élèves. Et quand l'enseignant a face à lui autant d'élèves, sa mission devient non seulement dure mais pratiquement impossible ! “L'assimilation des cours en classe est primordiale ! C'est la clé de la réussite du cursus et quand la classe compte beaucoup d'élèves, l'enseignant a du mal à les contrôler tous", s'accorde à dire un groupe d'enseignants rencontré devant le lycée Aïcha d'Hussein-Dey. L'un d'eux dira que son astuce pour pouvoir faire le cours à toute la classe, et pas uniquement aux élèves des premiers rangs, est de placer les plus studieux à chaque rangée et au fond de la salle. Un autre dira qu'il proposerait de faire venir ses élèves le samedi pour réviser les cours de la semaine. “Il faudrait également multiplier les contrôles pour inciter les élèves à réviser quotidiennement, c'est ce que je compte faire à titre personnel", nous dit cet enseignant de langue arabe. Les plus pessimistes diront que la surcharge est “le pire ennemi" de la réussite. “Quoi que l'enseignant fasse, il lui est impossible de réussir avec plus de 30 élèves en classe. L'expérience a prouvé que le rendement dépend du nombre d'élèves en classe." Un avis partagé par le directeur du lycée Ibn-Nass de la place du 1er-Mai qui soutient que le rendement augmente au fur et à mesure de la réduction du nombre d'élèves en classe. “J'ai 7 classes en 1re année secondaire et le nombre d'élèves va de 40 à 42, mais ne dépasse pas les 45 par salle. Que voulez-vous, c'est une situation particulière !" À la question de savoir si son établissement devra fonctionner ainsi toute l'année ou bénéficier de nouvelles infrastructures, il dira “justement, nous ne savons pas !" Grève des adjoints d'éducation Quelques établissements scolaires ont été paralysés par un mouvement de grève des adjoints d'éducation affiliés au SNTE. Au lycée Ibn-Nass du 1er-Mai, quatre adjoints d'éducation sur les cinq que compte l'établissement n'ont pas été informés du gel de cette action par leur coordination. Ils ont, par conséquent, observé un arrêt de travail qui a privé de nombreux lycéens d'effectuer leur inscription. Contacté, le chargé de l'information du SNTE nous dira que “selon toute vraisemblance, des adjoints d'éducation n'ont pas été informés du gel de la grève. L'action était prévue, mais le changement à la tête du ministère nous a contraints à donner un peu de temps au nouveau ministre". M.B