C'est ce qui ressort du sondage dont les résultats ont été rendus publics, hier, lors du colloque organisé par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Plus de 44% des jeunes Algériens consomment les stupéfiants et les substances psychotropes. Effarant ! Ce pourcentage qui représente une population de plus de 5 millions d'habitants est encore relativement discutable, selon les résultats d'un sondage d'opinion rendu public, hier, lors du colloque national sur la politique nationale de prévention et de lutte contre la drogue. Aussi édifiant que cela puisse paraître, ce chiffre représentatif fait ressortir des réponses convaincantes d'une population variée selon les régions du pays, soit 16 wilayas, où la consommation des drogues fait des ravages chaque jour. Aussi, sur un échantillon représentatif de 1 500 personnes interrogées, prenant en considération les populations urbaines et rurales, 90% des répondants estiment qu'il existe réellement un danger nommé “Drogue”, avec un grand “D”. En ce sens, 42% des personnes soutiennent que l'abus de drogue a connu une nette augmentation, ces dernières années, et 61% estiment que la lutte contre ce phénomène dévastateur demeure insuffisante sur tous les plans. Cela complique la situation avec les effets de la violence sociale et terroriste, le chômage, le marasme économique, la déperdition scolaire, l'insuffisance des contrôles des ventes dans les pharmacies et, bien sûr, le resserrement de l'étau autour des réseaux de trafiquants de tout genre. Ces causes majeures font que les cas de suicide augmentent vertigineusement à un taux de 3% chaque année chez les personnes droguées, sans compter le nombre de personnes hospitalisées pour excitation, violence, agressivité (51%) et crises clastiques (32%). Des chiffres indiquent, par ailleurs, que 72% des jeunes drogués sont issus des familles nombreuses en milieux urbains et, généralement, n'exercent aucune profession. 97% des malades sont de sexe masculin, dont 87% sont des célibataires. Sur un autre chapitre, et détaillant les produits toxiques, les drogués consomment 67% de cannabis, 14% des produits d'association, comme le “zombretto”, et le reste, soit 19%, des produits polymorphes. Actuellement, ce sont 6 centres de soins et de désintoxication qui sont ouverts à travers les wilayas de Blida, Tizi Ouzou, Constantine, Oran, Annaba et El-Oued. Il ressort que 9% des personnes admises dans ce genre de centre ont des conduites toxicophiliques, des bouffées délirantes, des états confusionnels, des comportements de maniaque et des psychoses aiguës essentiellement. Les experts soutiennent aussi que la prolifération des bidonvilles et la dégradation des conditions de vie favorisent actuellement l'écoulement de cette marchandise à travers le pays et font impliquer même des personnes n'ayant aucun rapport avec la drogue. La drogue est aujourd'hui située dans la seule et unique problématique politique, aux implications économiques, sanitaires, sociales et culturelles. F. B. LE PLAN ALGERIE EN VIGUEUR Attaquer le mal à la racine “Eradiquer le fléau de la drogue est impossible, mais diminuer ses effets et ralentir le rythme de trafic est notre objectif principal”, a déclaré M. Boukhari, directeur de l'Office national de lutte contre la drogue. Répartis sur cinq axes et six stratégies globales, ce plan se veut un garde-fou à la prolifération du phénomène de la drogue dans notre pays. Créé en 1997 et fonctionnel depuis 2002, cet office réunit toutes les instances, les services de sécurité et toutes les représentations sectorielles censées apporter un plus dans la lutte contre ce phénomène. Aujourd'hui, des experts estiment que cet office ne suffit pas à lui seul pour gagner la guerre ouverte contre la drogue. Une révision des textes de loi, en rapport avec les conventions internationales signées et ratifiées par l'Algérie, est l'urgence de l'heure. Souvent, les bonnets de la drogue se fient à ce vide juridique immense, sans se soucier des mesures répressives prises à leur encontre. F. B.