Les forces de police de la sûreté de daïra de l'Ouenza, dans la wilaya de Tébessa, sont intervenues, hier, aux premières heures de la matinée pour déloger de force la centaine de chômeurs, qui bloquaient les trémies de chargement du site minier d'ArcelorMittal de cette ville. Un mouvement qui avait été déclenché le 27 août dernier pour “maintenir la pression sur la direction" et qui a systématiquement paralysé, depuis les expéditions de minerai de fer extrait de ce gisement jusqu'au complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Profitant de l'effet de surprise, les policiers venus en renfort ont encerclé le périmètre et ont dégagé des voies les manifestants, qui avaient auparavant refusé plusieurs fois de quitter les lieux malgré les demandes pressantes de la direction de l'entreprise. Des bousculades ont eu lieu entre les policiers revêtus de la tenue antiémeutes, et les demandeurs d'emploi intransigeants. Des sources judiciaires indiquent que les services de sécurité ont interpellé et placé en garde à vue 40 individus, qui devraient être présentés devant le parquet de l'Ouenza, demain dimanche. Contacté, hier, le directeur général d'ArcelorMittal de Tébessa, Jean-Pierre Wilhelm, signale qu'il n'avait cessé de demander aux protestataires de libérer la voie pour “permettre la circulation des trains", dont la quasi-totalité était à l'arrêt. Ce responsable rappelle que l'action “coup de poing" des chômeurs perdure depuis trois semaines, affectant l'exploitation des carrières de minerai et empêchant tout approvisionnement du site sidérurgique d'El-Hadjar, qui est le principal client de son entreprise. Plus tôt, une semaine avant d'observer leur sit-in sur l'aire d'expédition de la mine, les protestataires avaient bloqué le siège social d'ArcelorMittal, auquel le staff dirigeant et les agents d'administration n'avaient plus eu accès durant quatre jours, affirme notre interlocuteur. “Il s'agit de la énième tentative de force de la centaine de jeunes chômeurs qui ont pris pour habitude de se regrouper devant le portail d'accès au site minier pour réclamer du travail et ce, depuis plusieurs mois", soulignera-t-il. Et de regretter que l'entreprise n'a pas la possibilité de répondre favorablement à cette demande d'emploi massive, étant elle-même confrontée à un programme de restructuration très strict, incluant une révision approfondie des organigrammes, une reprise des investissements et le renouvellement des équipements de production jugés vétustes. M. Wilhelm, qui se dit réconforté par la réaction et l'intervention salutaire des pouvoirs publics dans ce conflit social, qui n'en est pas un, a estimé la perte sèche subie par ArcelorMittal Tébessa, qui emploie 700 travailleurs pour quelque 80 000 tonnes de matière première, un manque à gagner dont le coût dépasserait plus de 3 millions de dollars. A. A