Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l'Afrique de l'Ouest étudient à Abidjan (Côte d'Ivoire) le déploiement d'une force au Mali pour aider à la reconquête du Nord, occupé par des groupes terroristes islamistes. «Le conseil de médiation et de sécurité de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) se réunit pour tracer le cap de l'appui militaire de la Cedeao au Mali», a déclaré le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, en ouvrant les débats. «Nous voulons lancer un message sur la volonté et la détermination de la Cedeao et de l'Afrique entière à accompagner le Mali dans la reconquête de son intégrité territoriale. La tâche est immense mais pas impossible», a-t-il souligné. Les ministres vont examiner les propositions des chefs d'état-major de la Cedeao, qui se sont retrouvés à Abidjan. «L'heure n'est plus aux tergiversations, mais à l'action concertée. Il faut agir face à l'inacceptable, les criminels de toute sorte qui occupent le Nord-Mali», a insisté le président de la Commission de la Cedeao, Kadré Désiré Ouédraogo. De nombreux observateurs jugent sévèrement les atermoiements de Bamako, alors que le 1er septembre, la ville stratégique de Douentza (centre) est tombée sans combats aux mains des islamistes. «Il faut que le Mali puisse indiquer où se trouve le vrai centre de décision. A la présidence ? A la primature ? Chez les militaires ? Il faut clarifier les choses, sinon il n'y aura pas d'efficacité dans l'action», demande un diplomate africain en poste à Bamako. «Le Conseil de sécurité, voyant que cette opération n'est pas prête, ne l'a pas autorisée. Or, le feu vert de l'ONU est une condition sine qua none», souligne, de son côté, un diplomate occidental en Afrique de l'Ouest, alors qu'une conférence internationale sur le Sahel, présidée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est prévue à New York le 26 septembre. Par ailleurs, les pays africains «ne sont pas nombreux à répondre à l'appel» pour l'envoi de soldats, relève le diplomate occidental. Le Sénégal et le Ghana ont fait savoir qu'ils ne prévoyaient pas d'envoyer de troupes, tandis que le président Blaise Compaoré a assuré que le Burkina Faso était «très disponible». C'est ce qu'a déclaré lundi à New York l'ambassadeur ivoirien aux Nations unies devant le Conseil de sécurité. Youssoufou Bamba, qui s'exprimait au nom de la Cedeao, a estimé qu'une campagne militaire nécessite beaucoup de moyens militaires, dont des avions de chasse pour la conduite des opérations.