Le harcèlement judiciaire contre le caricaturiste de Liberté, Ali Dilem, se poursuit. Déjà condamné dans une première affaire l'opposant au ministère de la Défense nationale à six mois de prison avec sursis, il vient de faire l'objet d'une décision presque similaire rendue, hier, par le tribunal d'Alger. Le verdict prévoit, en effet, la condamnation du dessinateur à quatre mois de prison avec sursis ainsi qu'une amende de 100 000 DA. MM. Abrous Outoudert et Hacène Ouandjeli, respectivement ex-directeur de la publication et ex-directeur de la rédaction, ont, par ailleurs, écopé de deux amendes supplémentaires de 50 000 DA chacun. À l'origine de cette affaire, une caricature de Dilem, publiée en date du 3 avril 2002, au lendemain d'un faux barrage qui avait ciblé 21 militaires dans La Mitidja. Dans ce dessin, qui met en scène deux terroristes, la partie civile, à savoir le MDN, s'est offusquée du contenu de la légende. “Le code pénal protège les généraux pas les soldats”, stipulait le texte. Attribué à l'un des terroristes, ce commentaire a valu à Dilem une plainte pour outrage. Durant le procès qui s'est déroulé en l'absence du concerné, le juge a appuyé le réquisitoire de la partie civile en admettant le caractère calomnieux de la caricature. Or, selon l'avocat de Dilem, la plainte découle d'une fausse interprétation. “On a prêté à Dilem ces propos alors qu'il a fait parler les terroristes”, a expliqué maître Khaled Bourayou. Et de renchérir : “Cette décision est très dure.” Contestant la procédure judiciaire dans la forme et dans le fond, l'avocat note le refus du juge de “prendre en considération les moyens soulevés par la défense relatifs à la nullité de deux procès-verbaux, ceux de MM. Abrous et Ouandjeli, qui n'ont pas été signés par les magistrats”. “Le président du tribunal aurait dû prononcer la nullité de la procédure”, a souligné Me Bourayou. Faisant l'énoncé des cinq autres affaires qui opposent le caricaturiste de Liberté au MDN, il affiche peu d'optimisme. Pour autant, la défense fera appel. S. L.