Ghoul trouve que son parti subit “une campagne de dénigrement". Il se plaint que le TAJ soit accusé d'être un parti “d'opportunistes", “de riches", alors qu'il compte “des cadres, des travailleurs et des chômeurs". Ghoul avait auparavant précisé que le TAJ regroupait “des islamistes, des nationalistes et des démocrates", c'est-à-dire tout ce qui peut se concevoir comme sensibilité tolérable dans le contexte autoritaire et réducteur qui encadre la pensée de l'Algérien. Comme tous les partis aujourd'hui en activité dans le pays, il n'a ni idéologie ni projet de société. Dans un tel contexte de “fin de l'Histoire", au sens de Fukuyama, il n'y a pas de place pour une idéologie, un projet de société ou des convictions. Nous avons le pouvoir idéal et toute proposition alternative constituerait une offense à l'autorité parfaite dont jouit le pays. La voie de l'alternative, de l'opposition, ainsi fermée, il ne vous reste qu'une seule issue : passer à travers le régime pour créer votre parti... Appelons-le “d'appoint", puisqu'il n'est pas “d'opposition" et que les partis “de pouvoir" existent déjà. Le débat d'idées étant clos parce que le pays dispose du régime idéal, il n'y a donc pas de place pour les partis d'idées, de convictions, de projets, d'idéologies... Si le régime vous a coopté, et agréé, après un premier passage aux affaires, il ne vous reste qu'à créer votre parti-alibi. Pas besoin de programme, de principes proclamés, de convictions identifiées. Rassembler, unir et autres notions “fédératrices", c'est-à-dire creuses ou “fourre-tout", suffisent. On ne comprend donc pas pourquoi Ghoul s'offusque de la critique. D'une part, il n'est pas pionnier de la démarche et, d'autre part, il n'a pas le choix de la démarche. De plus, comment son parti existerait-il publiquement sans les commentaires, parfois railleurs, de la presse ? Car enfin, les partis ne font-ils rien d'autre que de se créer et de confectionner ensuite des listes de candidatures à la veille d'échéances locales ou législatives ? Leurs débats dépassent-ils la question de savoir s'ils doivent participer ou non à telle élection et à tel gouvernement s'ils venaient à y être associés ? Un débat dont les termes sont établis par le niveau de quotas qu'ils peuvent espérer se voir attribuer par le système de fraude. Mais là s'arrête la vie “politique" d'un parti algérien. Quant à se poser en alternative, il ne peut même pas le concevoir, puisque le système politique organise la transition par les seules présidentielles. Et ce n'est pas demain que les partis auront toute latitude de proposer le prochain président. Dans la démocratie algérienne singulière, les partis ont un rôle spécifique : ils couvrent, par leur semblant de vie publique et par le semblant de multiplicité politique, le silence autoritaire imposé à la société. Voyons comme la convivialité entre pouvoir et partis contraste avec la répression subie par la partie de la société civile qui tente de s'exprimer. Apparemment, le pouvoir n'a pas les moyens de composer avec la société civile comme il compose avec la “classe politique" qu'il se choisit d'ailleurs. L'avenir du pays ne se joue pas dans cette pièce jouée par notre “classe politique". Il se joue ailleurs. Et nécessairement contre elle. M. H. [email protected]