Zerhouni vient de confirmer que l'élection présidentielle se tiendra bien en avril. Dommage qu'il faille partager son point de vue. Mais le débat commençait à se dégrader. Les revendications les plus fantaisistes se légitimant du fait même qu'elles viennent de candidats opposés au pouvoir sortant. Le cortège de prétendants à la candidature se forme peu à peu. Chacun y va de ses conditions pour un scrutin objectif. La presse traite en candidature ce qui n'est pour l'heure, et dans bien des cas, que velléité conditionnée par des exigences parfois exorbitantes. En particulier, beaucoup attendent un positionnement préalable de l'armée sur la nécessité d'une alternance au régime en place, par rapport à la sincérité du prochain scrutin et, en même temps, de la part de certains, pour une prise de participation dans l'orientation du résultat. Peut-être, faudrait-il, maintenant que l'ANP est publiquement sollicitée, se déterminer entre l'exigence de souveraineté de l'urne et le souhait d'une implication “des décideurs”. Ce qui l'aiderait sûrement à concevoir le rôle que les prétendants à la prochaine présidence attendent d'elle. De la même manière, le départ demandé de l'équipe Ouyahia, à supposer que Bouteflika serait apte à la remplacer par un gouvernement plus sûr quand il s'agira d'organiser la campagne et le vote. Et le voudrait-il en tant qu'élément du système, il n'est politiquement pas calibré pour se refuser une victoire juste pour respecter les règles de la démocratie. Si un tel décideur existait dans le sérail, on l'aurait su. D'ailleurs, Ouyahia est déjà parti une fois et cela ne nous a pas plus avancés en matière de fraude, dans une élection programmée pour confirmer “le consensus” autour du candidat-président. Et puisque le débat à l'algérienne n'a pas peur de s'immerger, et de noyer les véritables questions qui se posent au pays, il s'enfonce avec le thème du report. Tout se passe comme si la personnalité longtemps endormie se réveille au moment où il est question de présidentielle. Et finalement séduite par la partie qui se joue, qui se décide d'y participer. N'y étant pas préparée, elle demande le report. On ne sait d'ailleurs à qui. Car, enfin, c'est Bouteflika qui convoque le corps électoral ! Pourquoi est-ce toujours à l'Algérie d'attendre ses hommes alors qu'elle mérite des hommes qui la font aller plus vite ? à part Benyellès dont je n'ai pas compris les motivations de sa demande de report, Aït Ahmed, si utile à l'étranger — ce qui est vrai— voudrait aussi rentrer si l'on retarde l'élection présidentielle et si on les couple avec l'élection d'une assemblée constituante. Le leader du FFS se contenterait apparemment bien d'un rôle pendant cette transition faute d'être candidat ! Et l'Algérie doit attendre pendant qu'il déguste son jubilé. Zerhouni, vient de préciser que le gouvernement sera ponctuel avec l'échéance électorale. Que ceux qui ne sont pas pressés de voir Bouteflika partir reviennent pour 2009. Quant aux électeurs, ils sont sans illusion sur le poids de leurs voix, comme on peut en juger à leur engouement pour le vote. Ils n'ont pas les débats qu'ils méritent, c'est pour cela qu'ils tournent le dos aux politiques qui ignorent leurs vrais enjeux et s'adonnent à de fausses controverses. Impuissants et désabusés, les Algériens sont tout de même impatients de savoir à quelle sauce ils vont être mangés. Une fois de plus. M. H.