“Sous l'angle matériel et financier, l'émigration a contribué comme coffre-fort au FLN. Un total de dix millions de francs ont été versés au GPRA de 1959 à 1960", a annoncé Tahar Zeggagh, avant-hier, à la salle Ali-Maâchi de la Safex. Cette déclaration a été faite dans le cadre d'une conférence au Sila, intitulée “La conscience nationale dans la "ghorba". Et d'ajouter : “L'apport de l'émigration est multiple, varié et pluriel, il représentait des aspects qualitatifs qui nous ont préparé à adhérer au FLN et à agir comme militant et de prendre part à un activisme nécessaire dans le cloisonnement et la clandestinité." Cette communauté a donné naissance à plusieurs “mouvements nationaux indépendantistes" dans l'émigration dès les années 1920, pour arriver au FLN. “La raison de cette naissance revient à des contextes politiques. Car, en Algérie, toute activité de type patriotique était considérée comme une atteinte de trahison et elle était réprimée. Alors qu'en France, ils étaient plus libre", a-t-il indiqué. Actif dans leur quotidien, ce flux d'émigrants a appris à gérer sa vie en “respectant le temps, à se transporter (bus, tramway). Mais, surtout à manifester pour leur dignité", a-t-il informé. Ces Algériens en France ayant énormément contribué à l'indépendance du pays payaient des cotisations mensuelles au FLN qui étaient considérées comme “des réadhésions politiques", participaient aux mouvements sociaux et dans les prisons “nous avons réalisé des avancées démocratiques". À travers cet activisme de la part de ces émigrants est née “la conscience nationale". L'histoire de cette émigration en France a commencé au début du XXe siècle : “Les deux pays ont tendance à croire que cette émigration a débuté après la Deuxième Guerre mondiale. Cela a commencé en 1905, avec une estimation de 4 000 à 5 000 Algériens (essentiellement de Kabylie) en France. C'était une émigration industrielle", a fait savoir l'universitaire Linda Amiri. Les premiers à avoir structurer l'émigration en France “n'était pas Messali Hadj, mais Abdelkader Hajali", un communiste et c'était “le seul parti qui luttait contre la colonisation. Son but n'était pas la politique mais l'indépendance", a-t-elle souligné. À cette époque, la question de l'indépendance était minoritaire, et “les premiers à revendiquer l'indépendance et la rupture avec la France était l'émigration algérienne", a signalé Mme Amiri. Les libertés “permises" en France ont fait proliférer cette conscience nationale. Mais au moment où les choses ont commencé à se politiser “le colon a eu peur. Alors des structures d'encadrement et contrôle ont été crées pour surveiller ces émigrants. En 1926, il a été construit le premier centre d'assistance aux indigènes africains". Présente à la conférence, Monique Hervo, ancienne habitante du bidonville de Nanterre où vivait le plus grand nombre d'émigrants en France, a apporté un témoignage émouvant sur la précarité de vie de ces personnes en 1959. “La répression avait commencé avant le 17 Octobre. Les policiers venaient tout le temps, les Algériens ont été torturés et ils étaient emprisonnés dans des caves durant des mois". “Ils arrivaient avec 34 cars, c'était une guerre concentré sur cet espace. Alors que l'autre moitié de la société vivait sur une autre planète. Les Français faisaient cela pour enlever la dignité aux Algériens. Malgré toute cette répression, ils ont participé à la guerre d'indépendance", a-t-elle conclu. H M