A 25 ans, cette jeune �crivaine alg�rienne, fille d'�migr� originaire de Ras-El- Oued, Bordj-Bou-Arr�ridj, crois�e dans son bercail en marge des travaux d'une conf�rence encadr�e par le Centre national d'�tudes et de recherches sur le Mouvement national et la r�volution de Novembre 1954, continue � se battre avec autant d'ardeur pour d�noncer la f�rocit� de la r�pression fran�aise un jour du 17 octobre 1961. Doctorante � l'Institut d'�tudes politiques de Paris sous la coupe du c�l�bre historien Benjamin Stora dans le cadre d'un m�moire de ma�trise sur une recommandation de A. Haroun, dirigeant de la f�d�ration de France FLN, Linda tente dans un r�cit authentiquement originel, sans nul doute l'unique, de reconstituer le puzzle en le valorisant par cette pi�ce marquante qui redonne vie � une partie pour l'essentiel amput�e et in�dite dans l'histoire d'un jour pas comme les autres d'une r�volution omise par l'opacit� du class� "secret". Son travail colossal qui ouvre une grande fen�tre sur l'�v�nement en question int�gre des archives de la pr�fecture de police mais �galement une batterie de t�moignages extraits de 220 rapports de responsables FLN et "collaborateurs fran�ais", soutenu aussi par des associations antiracistes et des intellectuels de France. "La plaque inaugur�e en 2001 sur le pont Saint-Michel par le maire de Paris constitue un d�but de reconnaissance", pr�cise l'�crivaine. Il aurait fallu dix ans de d�vouement men�s par des enfants de l'�migration pour que l'esprit cr�pitant d'�tincelles de Linda, tout enti�re tourn�e vers le pass�, pour que son œuvre voie le jour : "Il est important que l'histoire de ces �v�nements s'�crive. J'ai fait le choix d'analyser la manifestation parce que je voulais comprendre pourquoi cette derni�re a eu lieu et pourquoi un tel d�ferlement de violence. Concernant le choix de mon sujet de th�se, celui-ci s'explique par le r�le jou� par l'�migration alg�rienne dans la lutte pour l'ind�pendance et qui demeure, h�las, m�connu ! "explique Mlle Amiri. Dans le livre, on trouve essentiellement les noms des fameux ponts d'o� furent jet�s des Alg�riens � Bezon, Clichy, Anicerz... Selon un pompier fils de policier, "soixante cadavres ont �t� retir�s de la Seine", sans qu'un seul policier soit condamn� ! Alors que Monique G., ma�tre conf�rencier, fut condamn�e � 200 FF pour avoir os� crier ce soir l� aux CRS qui battaient nos fr�res � mort dans la rue Solferino : "Arr�tez, assassins !" Des t�moins fran�ais au m�tro Concorde rappelaient : "La police est entr�e dans les wagons et nous a fait sortir � coups de poing, il y avait sur le quai des fr�res tomb�s inanim�s (...) la police nous insultait (...) On vous a coinc�s comme des rats. On va vous fusiller comme les cadavres que vous voyez ici. Dites au revoir au FLN (...). Il y avait une cinquantaine de morts dans le m�tro." Mort bien avant qu'on l'ait enterr� en lui lan�ant le coup de pied de la fin, oh que non..., gr�ce au falot de Linda Amiri, ni boniments ni propos congrus n'effaceront le 17 octobre 1961. Sa�d�ne Ammara Les fant�mes du 17 Octobre de Linda Amiri Editions M�moires g�n�riques