L'affaire remonte à août 2011 quand le procureur près le tribunal de Sidi-M'hamed à Alger reçoit la plainte pour “harcèlement sexuel" déposée par trois salariées (2 femmes journalistes et une scripte) de la chaîne télévisée TV4 contre leur directeur. Le directeur de la chaîne publique amazighe, S. L., poursuivi pour harcèlement sexuel, attouchements et brimades contre des journalistes femmes, a été relevé, hier, de ses fonctions. Cette décision, prise par le DG de l'ENRS et qualifiée de “tardive" par bon nombre d'observateurs, intervient au lendemain du procès qui s'est tenu au tribunal correctionnel de Sidi-M'hamed d'Alger. Désormais, ce sera Hadj Saïd Daoud, vice-directeur à TV4, qui assurera l'intérim du directeur de la chaîne amazighe, et ce, jusqu'au 14 octobre prochain. C'est du moins ce qu'indique la note d'intérim émanant du patron de l'ENRS. L'affaire S. L., pour rappel, remonte à août 2011 quand le procureur près le tribunal de Sidi-M'hamed à Alger reçoit la plainte pour “harcèlement sexuel" déposée par trois salariées (2 femmes journalistes et une scripte) de la chaîne télévisée TV4 contre leur directeur. Suite à cette plainte déposée par Me Youcef Dilem, l'avocat des trois plaignantes, le procureur général de la cour d'Alger exige l'ouverture d'une enquête préliminaire. Quelques jours plus tard, la Police judiciaire est saisie du dossier. En septembre 2011, les trois victimes et 4 témoins sont alors auditionnés par les policiers. Ils seront, par la suite, entendus par le juge d'instruction. Malgré les plaintes déposées et les témoignages livrés, et en dépit de la gravité des faits qui lui sont reprochés, S. L., fort de ses “soutiens en haut lieu", a continué d'occuper son poste, usant du pouvoir que lui concède sa fonction pour “menacer", “faire pression" et “mettre fin aux conventions (contrats de travail, ndlr) de certains journalistes", parmi les victimes et les témoins. Il faudra attendre une année pour que l'affaire S. L., prévue le 24 juin 2012, puis reportée à deux reprises, au 16 septembre puis au 30 septembre, soit enfin jugée. Avant-hier, le hall du tribunal de Sidi-M'hamed a enregistré une effervescence inhabituelle avec la mobilisation de nombreux soutiens aux trois victimes, la présentation de nouveaux témoins de l'accusation, et enfin la constitution d'un collectif d'avocats en appoint avec à la défense, qui est Me Youcef Dilem. Contre toute attente, le procès qui devait se dérouler à huis clos a été ouvert au public, à la grande satisfaction notamment des militants et militantes des droits de l'Homme et de la corporation des journalistes. À l'issue de l'audience, qui a duré plus de trois heures, le procureur près le tribunal d'Alger, a requis un an de prison ferme et 50 000 DA d'amende contre l'accusé. Il faudra patienter, cependant, jusqu'au 14 octobre, pour connaître le verdict final. Mais, bien avant les délibérations, le conseil syndical des journalistes de la Télévision algérienne, ainsi que la corporation, ont fait entendre leur voix, réitérant leur soutien et leur solidarité avec leurs collègues de la chaîne amazighe, et espérant “un traitement équitable de cette affaire". Hier, c'est au tour du comité de soutien aux travailleuses de l'ENTV, Chaîne 4, de s'exprimer par voie de communiqué. Dans ce document, le comité, composé de membres de la Commission nationale des femmes travailleuses/UGTA et d'associations de femmes (Réseau Wassila, Association pour l'émancipation de la femme, Femmes en communication...), qui se sont solidarisés, dès le départ, avec les plaignantes de la Chaîne TV4, a appelé au “maintien de la mobilisation" contre le harcèlement sexuel et pour “le droit au travail des femmes dans le respect et la dignité". Il a estimé, par ailleurs, que “des pas décisifs ont été franchis" dans cette affaire, en saluant “la comparution de l'agresseur en séance publique". Les militantes ont, en outre, considéré la reconnaissance, par la justice, du harcèlement sexuel comme “une affaire d'atteinte à la dignité de la personne et non comme une affaire privée d'atteinte aux bonnes mœurs", mais aussi comme “un encouragement à toutes celles qui subissent cette violence". Le comité a également qualifié la requête d'une peine de prison ferme associée à une amende de “victoire morale" pour les salariées de TV4. H A