Le procès du directeur général de la chaîne de télé amazighe (TV4), Saïd Lamrani, accusé de harcèlement sexuel, vient d'être reporté de nouveau par le juge du tribunal de Sidi-M'hamed, à Alger. L'information a été donnée, hier, par Me Youcef Dilem, qui assure la défense des plaignantes : deux journalistes et une scripte. L'avocat a, en outre, signalé que le procès aura lieu le 30 septembre prochain. Sur place, un rassemblement a été organisé réunissant des militantes des droits de la femme et de l'enfant, des ex-députées, des journalistes et des représentants des deux Ligues des droits de l'Homme (Laddh et Ladh). Même la moudjahida Zoulikha Bekkadour a tenu à être présente au rendez-vous, pour exprimer son soutien aux trois victimes et lutter contre l'impunité. Pour les représentantes du Réseau Wassila, “nul n'est au-dessus de la loi qui protège le travail féminin, en Algérie". “Le harcèlement sexuel est aussi une affaire d'atteinte à la dignité", a déclaré l'une d'elles. De leur côté, les militantes de Femmes en communication (FEC) ont assuré que la législation “reste encore insuffisante sur le chapitre de la protection des victimes de harcèlement sexuel", en promettant de revenir en force le 30 septembre prochain au tribunal de la rue Abane-Ramdane. D'autres participants et participantes au sit-in, “déçus" et “frustrés" qu'un “procès sur le harcèlement sexuel se tienne à huis clos", ont plaidé pour “la déconstruction du code pénal algérien", en se référant au plaidoyer pour une loi-cadre sanctionnant les violences faites aux femmes, élaboré par un collectif d'associations nationales et transmis, en novembre 2011, au Parlement et à différents ministères, dont le ministère de la Justice. D'après eux, la disposition pénale portant infraction de harcèlement devrait figurer dans le chapitre I relatif aux “crimes et délits contre les personnes" au lieu du chapitre II consacré aux “crimes et délits contre la famille et les bonnes mœurs". Pour Me Dilem, “la loi est très claire dans le cas d'une violation de travail". Aussi, l'affaire qu'il défend concerne “un harcèlement en milieu professionnel". “Les éléments de base du délit sont clairs et précis dans la loi, mais nous pouvons en effet être plus précis, en ce qui concerne le harcèlement sexuel", a-t-il déclaré, hier, à Liberté. Ce dernier a également reconnu que la question de harcèlement est encore “un sujet tabou" et que ses clientes sont “parmi les pionnières" en la matière. L'avocat a aussi révélé que l'attitude des trois victimes le “motive beaucoup", qu'elles sont déterminées à aller jusqu'au bout et qu'elles “auront beaucoup de choses à dire". “Ce sont des femmes qui se battent pour leur dignité ; elles ne demandent rien, si ce n'est leur droit. C'est nécessaire de parler de cette affaire", a-t-il ajouté. Pour rappel, les trois femmes ont déposé plainte, en août 2011, contre leur directeur pour harcèlements sexuels, attouchements et brimades. Leurs accusations sont confirmées par des témoins entendus par la police et présents, hier, au tribunal. H A