En dépit de ses multiples déclarations controversées et nuancées par rapport aux problèmes de l'heure qui marquent la vie politique en Tunisie ainsi que les différents incidents imputés au parti, Ennahda occupe toujours la 1re place avec 22% des intentions de vote. Les chiffres fournis récemment, lors d'un sondage réalisé par le Forum des sciences sociales appliquées de Tunis, indiquent que le parti au pouvoir est largement en tête, suivi par le mouvement Nidaa Tounes avec 7,9% et le Parti des travailleurs (ex-Parti ouvrier communiste tunisien - PCOT), avec 4,6%. Le parti du président de la République, le Congrès pour la République (CPR), est par contre en mauvaise posture. Le parti est en chute libre. Le sondage dévoile le recul du CPR qui ne récolte que 2,1% des intentions de vote. Il se classe ainsi à la 4e place. Derrière lui, on retrouve (5e place) le parti de l'Alliance démocratique avec 1,8%, alors que le parti du président de l'Assemblée constituante, Mustapha Ben Jaâfar, n'obtient que 1,7% suivi d'Al Aridha populaire avec 1,4%. Le parti Ennahda de Rached Ghannouchi enregistre, d'après le même sondage, tout de même un léger recul dans les indicateurs des intentions de vote. Ainsi, il passe de 29% en avril 2012 à 22,3% en août 2012, même s'il occupe la tête du classement. Ennahda dans “une situation sereine" Le rapport sur les résultats de ce sondage fait ressortir que 43,7% des personnes interrogées restent indécises, alors que 11,5% refusent de voter. Le sondage, qui est le cinquième du genre, a été réalisé auprès d'un échantillon représentatif de 1280 personnes des différentes catégories de la société tunisienne, sur la base des changements de l'appartenance géographique, du niveau d'instruction, du genre social et du milieu professionnel. Ce sondage a été préparé par le Forum des sciences sociales appliquées, une association qui a vu le jour après la révolte populaire du 14 janvier 2011, dans le cadre de son programme “le baromètre arabe de la démocratie", avec l'aide d'une équipe d'experts spécialistes dans le domaine du comportement électoral. Le Parti des travailleurs de Hama Hammami qui a changé tactiquement son idéologie est en progression. Celle-ci est due essentiellement à “la nature militante de ses bases", note le rapport qui indique, en outre, que le “parti a tiré profit de l'élargissement de ses bases et du recul du CPR". Concernant le parti Ennahda, le taux de “fidélité électorale" atteint 50%, ce qui est expliqué dans le rapport par “l'existence d'un noyau dur d'électeurs religieux conservateurs". Le politologue Abdelwaheb Ben Hfaiedh, président du Forum, considère que le mouvement Ennahda se trouve dans “une situation sereine", alors que le CPR fait face à “une situation délicate" qui nécessite un réexamen, bien que son candidat, à savoir l'actuel président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, garde “un charisme efficient". Le charisme de Béji Caïd Essebsi M. Ben Hfaiedh a souligné, d'autre part, que le “destin de la Troïka sera déterminé par son comportement, au cours de la période restante, ainsi que par son degré de respect de l'agenda national pour l'achèvement de l'écriture de la Constitution et la création d'instances constitutionnelles". En revanche, il n'écarte pas “la possibilité d'un recul du mouvement Nidaa Tounes dans les sondages, au cours des prochains mois, s'il ne présente pas un programme économique et social clair et s'il ne réussit pas à s'étendre à l'échelle régionale". Le sociopolitologue a, par ailleurs, expliqué le penchant de l'échantillon interrogé pour le mouvement par ce qu'il a qualifié de “réaction face à l'instabilité sociale et sécuritaire, et la lenteur des réformes". Il a indiqué, à ce propos, que “Nidaa Tounes est un mélange de groupes de l'extrême droite et de l'extrême gauche, mais son rayonnement est lié au charisme de son président, Béji Caïd Essebsi". Régression des indicateurs de confiance Le sondage a dévoilé, dans un autre volet de ses résultats, la régression des indicateurs de confiance, par rapport à la vague d'avril 2012, sur le plan du retour à la stabilité (80% à 78%) et l'avenir de l'emploi (81% à 64%). Les résultats reflètent, en outre, l'orientation vers une préférence de 29% pour un régime républicain, contre 28% pour un régime parlementaire et 25% pour un régime présidentiel modifié. Les risques de résilience, de déséquilibre et de crédit dans l'économie auxquels fait face la Tunisie ont conduit l'agence de notation américaine Standard&Poors (S&P) à réviser la notation du risque du secteur bancaire du pays à BB/stable/B en la classant dans le groupe “BICRA 8". Les banques tunisiennes sont désormais notées à 8, sur une échelle de 1 à 10 (allant du risque le plus bas des systèmes bancaires – groupe 1 – au risque le plus élevé – groupe 10). à l'évidence, et à l'appui de la mise à jour de S&P, dans sa méthodologie BICRA (évaluation du risque pays pour le secteur bancaire et l'industrie), la Tunisie rejoint les pays à risque très élevé comme le Liban, l'Egypte, la Géorgie, le Nigeria et le Kazakhstan. I. O.