Classée parmi les pays où le terrorisme routier est des plus élevés, l'Algérie tergiverse encore sur la mise sur pied de nouvelles mesures de prévention routière, à savoir la dotation des véhicules de transport de voyageurs et de marchandises d'un chrono-tachygraphe, appelé communément le “mouchard". Cet appareil qui, outre la vitesse, enregistre le temps de conduite et d'arrêt du véhicule, permettant ainsi de déterminer la responsabilité du conducteur en cas d'accident. Cette nouvelle mesure de prévention ne sera pas appliquée avant plusieurs mois en Algérie. Et pour cause : “Les textes d'application de l'article 49 de la loi 2001-14 du 19 août 2001, relative à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation routière, n'ont pas encore été adoptés par le gouvernement", a réagi une source au ministère des Transports à l'annonce faite par certains titres de la presse nationale quant à l'application de cette mesure à partir d'aujourd'hui. Ce même texte de loi prévoit, en effet, la dotation de tous les véhicules de transport de marchandises dont le poids total autorisé en charge est supérieur à 3 500 tonnes et de transport de personnes de plus de 15 places “d'un dispositif de contrôle et d'enregistrement de la vitesse". Ce dispositif de prévention est le chrono-tachygraphe (le mouchard). “Il faut encore quelques mois pour la mise en œuvre de cet article de loi, car même après son adoption, l'acquisition des chrono-tachygraphes et leur placement dans tous les véhicules concernés prendra quelque temps", a encore souligné cette source au ministère des Transports. L'annonce faite quant à l'application de cette nouvelle mesure n'a pas laissé de marbre les transporteurs, lesquels, par la voix du SG de l'Union nationale des transporteurs (Unat), M. Mohamed Benkahla, ont estimé qu'à “l'heure actuelle, aucun véhicule poids lourd, ni bus n'est doté d'un chrono-tachygraphe". Et de souligner qu'il “est inconcevable de contraindre les transporteurs à se soumettre à un texte de loi, sans les avoir avisés préalablement". M. Benkahla a ajouté à l'APS que “nous avons reçu avec stupéfaction l'information rapportée par certains journaux faisant état du début de l'application de cette mesure à partir du 7 octobre", précisant que l'Unat n'a été destinataire d'aucune correspondance officielle à cet effet. Estimant, par ailleurs que le “mouchard" est un moyen efficace de prévention contre les accidents de la route, il a, toutefois, précisé que leur installation sur l'ensemble des véhicules prendra “au moins trois mois". Plus explicite, il a indiqué que “doter plus de 160 000 bus et près de 200 000 camions de chrono-tachygraphes est une opération de grande envergure. Pour l'instant, même l'importation de ces outils n'a pas encore été entamée, et puis leur placement nécessite encore plusieurs semaines". Néanmoins, M. Benkahla a souligné que la conception de certains véhicules, notamment d'origine asiatique, rend difficile l'installation de ces appareils car, explique M. Benkahla, “leur tableau de bord n'a prévu aucun espace à cet effet, ce qui nécessite de mener des recherches afin de trouver la technique de contrôle adéquate". Il faut signaler que dès l'annonce de l'application de cette nouvelle mesure, certaines sociétés affichent déjà leur volonté d'assurer l'approvisionnement du marché national en la matière, en mettant en valeur la qualité de leurs produits et les prix appliqués, avant même que les autorités ne se prononcent officiellement sur la question. Car, l'équipement de l'ensemble des véhicules de transport de ces appareils représente un marché très juteux pour les entreprises spécialisées. M M