En réponse aux présidents de clubs de l'élite et notamment au président du Forum des clubs professionnels, Abdelkrim Yahla, qui lui reprochaient de faire dans le “sectarisme" , le président-directeur général de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, a exhorté mercredi dernier ces dirigeants de clubs de l'élite “à s'inspirer de l'action de Sonatrach pour conclure des accords du même genre avec des entreprises publiques ou privées pour le bien du football national". Cette mise au point peut paraître dans un premier temps une façon bien diplomatique d'expliquer en fait que le choix de racheter l'équipe de football du MCA est purement stratégique et répond à des considérations économiques de rentabilité, prenant en compte les intérêts de la plus grande firme pétrolière du continent. Rien n'empêche a priori Sonatrach de choisir souverainement ses projets d'investissement. Le Mouloudia étant un club fort populaire peut constituer dans un avenir très proche une affaire fructueuse pour l'entreprise pétrolière. Mais là où M. Zerguine se trahit un peu, c'est lorsqu'il déclare : “Notre décision d'investir dans quatre clubs (MCA entre autres NDLR) de l'élite est stratégique. Elle a été cautionnée par les autorités publiques du pays et vise à aider le football algérien à rebondir." Zerguine évite bien entendu de le dire aussi clairement, mais ce sont en vérité les autorités politiques du pays qui ont décidé de racheter entre autres le MCA et le sauver de la faillite, et qui ont “suggéré" à Sonatrach de prendre en charge le volet financier de l'opération du sauvetage du doyen des clubs algériens. Un secret de Polichinelle que Omar Ghrib n'avait pas jugé du reste de garder, puisqu'il avait déjà indiqué dans une déclaration à la presse que le retour de Sonatrach au MCA a été rendu possible grâce au “président Abdelaziz Bouteflika, que nous tenons à remercier pour sa décision. Le Chef du gouvernement a donné son accord à travers une dérogation spéciale pour que Sonatrach qui est une entreprise publique nationale devienne propriétaire du MCA". C'est donc une affaire réglée en haut lieu avant que Sonatrach n'en soit l'instrument essentiel. Mais où est le problème, diriez-vous ? Eh bien, il faut savoir que ce sont ces mêmes autorités politiques qui ont décidé de lancer le professionnalisme dans le monde du football en Algérie, en ouvrant le capital des clubs au secteur privé. Ce sont les mêmes décideurs qui ont interdit aux sociétés publiques d'investir dans les clubs de foot et qui ont justement exhorté les dirigeants à ouvrir les portes des clubs aux investisseurs privés, pour que l'Etat cesse d'être l'éternel bailleur de fonds. Ceux-là mêmes qui aujourd'hui semblent changer de politique sans changer les lois. Le problème ne réside pas dans le fait que Sonatrach rachète le MCA. Il se situe plutôt dans le fait que l'Etat choisisse lui-même quel est le club de football – tous en situation de faillite – qui sera sauvé. Cela s'appelle un parti pris que le reste des clubs ne veulent pas visiblement passer sous silence !