Concours de circonstances, l'enterrement de Chadli Bendjedid a eu lieu au lendemain de la diffusion de la deuxième partie du documentaire d'Hervé Bourges "L'Algérie à l'épreuve du pouvoir" dans lequel l'ancien Chef de l'Etat, un acteur déterminant de cet épisode n'apparaît pas vraiment sous son meilleur jour. D'ailleurs, que ce soit dans le documentaire diffusé dimanche soir sur France 5 ou dans l'entretien qu'il a accordé tout de suite après la disparition de Chadli au site Afrik.com, Bourges n'épargne pas beaucoup le président défunt. Et cela, ni avant ni après sa mort. Enfin, qu'à cela ne tienne ! Appelé à s'expliquer à l'annonce du décés de l'ancien président Algérien, Hervé Bourges ne trouve toujours pas de grandes qualités au disparu. Interrogé, l'ancien conseiller du président Ben Bella avoue toutefois ne pas avoir suffisamment connu le défunt : « J'ai moins connu le président Chadli Bendjedid que je ne connais le président Bouteflika, que je n'ai connu les présidents Ben Bella et Boudiaf. Mais je me souviens qu'il avait été reçu à l'Assemblée nationale lors de sa visite à Paris et nous avions eu un entretien avec lui, Pierre Mauroy et moi. Je l'ai également vu à Alger à plusieurs reprises. Bien évidemment, la mort de quelqu'un inspire de la compassion. » Ce qui n'empêche pas pourtant l'ancien patron de la télévision française d'égrener les différentes crises qu'à eu à essuyer le dirigeant algérien notamment le printemps berbère, la contestation du Code de la famille, les protestations contre le parti unique, le contre-choc pétrolier, les évènements d'Octobre 88, la montée des islamistes grâce à « la complaisance du pouvoir », etc. Pour Hervé Bourges, même la libéralisation du pays attribuée à Chadli s'est traduite surtout par la montée de la contestation parce que celle-ci ne profitait pas, selon lui, à l'ensemble de la population. "Le président Bendjedid avait sûrement de bonnes intentions mais il n'a pas pu faire face à une situation économique désastreuse. Par ailleurs, il pensait que l'ouverture démocratique ferait taire la contestation politique en Algérie. Au lieu de cela, elle permet aux islamistes de s'imposer. En somme, il a ouvert l'Algérie aux libertés démocratiques, sans se rendre compte qu'il était peut-être trop tard, et sans prendre les précautions nécessaires". Après avoir passé, ainsi, en revue, la période du long « tumulte » qu'a connu le pays sous l'ère Bendjedid, Bourges aborde la question sensible de l'armée qui, selon lui, aurait dicté sa démission à Chadli Bendjedid qui, rappelle-t-il, était un parfait inconnu en France : « A la mort du président Boumédiène en 1978, l'armée impose son candidat comme successeur. Tout le monde pensait que ce serait Abdelaziz Bouteflika, mais c'est Chadli Bendjedid qui est désigné. » Pour Hervé Bourges, pratiquement tous les présidents algériens sont imposés par l'armée. « En ce qui concerne le président Bouteflika, l'armée qui ne voulait pas de lui après la mort de Boumédiène, a accepté qu'il se présente en 1999. Je ne suis pas persuadé, contrairement à ce que l'on dit, que Bouteflika soit prisonnier des militaires. C'est quelqu'un qui a pris ses distances avec l'armée tout en s'appuyant sur elle et qui permettra, il faut l'espérer pour les deux ans de mandat qu'il lui reste, d'ouvrir la société algérienne ; et de passer de la légitimité révolutionnaire à la légitimité populaire ». Bref, Hervé Bourges qui se présente parfois comme « le premier fonctionnaire de l'Etat Algérien » reste cet ami qui nous veut du bien. Pour preuve, cinquante après, il continue de critiquer et de conseiller nos Chef d'Etats ! M-C.L