Le réalisateur Larbi Lakehal s'est rendu il y a quelques jours au Maroc, notamment à Casablanca, pour procéder à des repérages en vue de la réalisation du long métrage de Hob Erroumane : un film musical qui relate le parcours de la mythique formation Lemchaheb. Apparu au début des années 1970, le groupe, qui s'est illustré dans le genre ghiwane, a connu bien des péripéties et a également perdu trois de ses piliers : Mohammed Batma, Mohamed Sousdi et Moulay Chérif Lamrani (membre fondateur). Ce dernier, qui a transformé une mandoline en un fabuleux instrument, est de mère algérienne, originaire d'Oran. Oran est une ville que Moulay Chérif Lamrani a bien connue, puisqu'il y a vécu et a même été l'élève du grand Ahmed Wahbi. On ne cherchera donc pas plus loin ce qui lie Lemchaheb à l'Algérie, même si leurs fans, chez nous, sont très nombreux. Le choix d'un réalisateur algérien semble presque naturel. Mais il fallait tout de même trouver quelqu'un qui connaisse l'histoire de ce groupe et qui maîtrise le sujet. Larbi Lakehal possède toutes ces qualités, et c'est à la faveur d'une rencontre avec les membres du groupe, lors de la VIe édition du Festival national de la musique diwane de Béchar (organisée en mai dernier), qu'il a été choisi. “C'était une rencontre inopinée", nous disait-il, il y a quelques mois, surpris par la proposition que le président de l'association Lemchaheb et manager du groupe, Salaheddine Kisra, lui avait faite. Hob Erroumane, titre d'une chanson phare de Lemchaheb, abordera les différentes phases et péripéties artistiques du groupe, et ce, à travers 12 chansons de son répertoire. Le scénario a été écrit par Salaheddine Kisra, avec la collaboration des membres fondateurs, encore en vie : Echadili Jadid Moubarak et Mohamed Hamadi. Les concepteurs de cette œuvre cinématographique signalent qu'ils “comptent mettre à la portée des cinéphiles du Maghreb une œuvre qui traitera du thème de la chanson engagée et son apport à l'éducation politique et culturelle des peuples de la région du Maghreb". Ce film donc, en plus d'être conçu intégralement par des Maghrébins, permettra de vulgariser le style de Lemchaheb, qui est incontestablement un groupe engagé. Avec ses textes coup-de-poing, revendicatifs la plupart du temps, le groupe a dénoncé la mal-vie, l'adversité et d'autres maux sociaux. Il a également chanté la cause juste de la Palestine, et a composé une chanson dédiée au martyr Ahmed Zabana. Le projet se concrétise, ses contours se dessinent et le résultat (re)donnera certainement au genre ghiwane – véritable phénomène musical – et à Lemchaheb une place de marque. S K