Traqué par la justice à la suite de plusieurs lourdes condamnations prononcées à son encontre par la cour d'Oran et certains tribunaux de la région, B. M., 49 ans originaire de Mekmen Benamar (wilaya de Naâma), s'est fait piéger à Aïn Témouchent où il vivait depuis 2004, en y amassant une fortune colossale sous une fausse identité. Le train de vie “suspect" de B. M. n'a pas laissé indifférents les enquêteurs qui se sont penchés sur son cas, devenu tout au long de ces huit années un généreux bienfaiteur auprès des mosquées et des petites gens. Ses biens mobiliers et immobiliers se comptent en milliards. Villas somptueuses, terres agricoles, comptes devises, véhicules de luxe sont pourtant le fruit du blanchiment de l'argent de la drogue injecté dans les investissements agricoles, touristiques et commerciaux. Pour être au-dessus de tout soupçon, il s'était construit un entourage “clean" avec des amis notables, voire même certains responsables locaux. Malgré cette nouvelle vie, la police, en collaboration avec Interpol, était déjà sur ses traces. Les services d'Interpol avaient auparavant arrêté le frère de B. M. au Maroc, en possession d'un faux passeport établi au nom d'une personne décédée. Mis sous filature depuis plusieurs mois, le baron a fini par être arrêté, alors qu'il se trouvait attablé dans un café à El-Amria, à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya. À la lumière des résultats d'une longue enquête mais aussi des preuves qu'ils détenaient, les policiers sont passés à l'acte. En fait, B.M., de son vrai nom se faisait passer pour B.B., patronyme de son beau-frère, doublement inscrit à l'état civil à Mecheria dans un intervalle d'une année et avec le même prénom. C'est en fait cette double déclaration qui a donné des idées à ce narcotrafiquant et qui lui a permis d'échapper à la vigilance des policiers après une cavale qui a duré huit années, si l'on tient compte de la dernière condamnation (20 ans d'emprisonnement) prononcée par la cour d'Oran pour trafic de drogue. Durant leurs investigations, les enquêteurs ont été confrontés à une absence de collaboration, voire une complicité sans faille de la part des enfants de B. M., qui ont presque réussi momentanément à brouiller les pistes. Ces derniers ont fait passer leur père pour leur oncle maternel et leur mère pour leur tante. Leurs tergiversations eurent raison de leur père. B. M. fait partie d'une famille de quatre frères, dont deux sont poursuivis pour trafic de documents administratifs et qui demeurent toujours en fuite, alors qu'un autre frère résident à Aïn Kihal (Aïn Témouchent) vient d'être arrêté au Maroc par Interpol et extradé en Algérie. La saisie tout récemment de 40 q de drogue à Mekmen Benamar a été en quelque sorte le fil révélateur de cette affaire qui n'a pas dévoilé tous ses secrets, et qui a conduit à l'arrestation d'un grand baron de la drogue dont les biens seront certainement mis sous scellés en attendant la suite de l'enquête. M. L