Le transport maritime illicite risque de devenir le moyen privilégié des trafiquants de drogue qui abandonnent, vraisemblablement, la voie terrestre pour acheminer leur marchandise vers d'autres régions. Les dernières saisies de stupéfiants opérées par la Gendarmerie nationale à Aïn Témouchent ont confirmé que les narcotrafiquants tendent à privilégier ce moyen de transport, a relevé le commandant de groupement, le lieutenant-colonel Réda Aydaoui. Pour lutter efficacement contre la contrebande de stupéfiants, la Gendarmerie nationale envisage, selon ce responsable, de mettre en place des brigades maritimes en vue de consolider «cette lutte implacable contre ce nouveau mode opératoire des narcotrafiquants». Un dispositif de surveillance permanent, mobilisant d'importants moyens humains et matériels, a été mis en œuvre tout au long du littoral afin «d'empêcher toute main malsaine de prendre possession des colis de drogue qui continuent à se déverser sur les plages», a souligné la même source. Cette mission préventive «se poursuivra jusqu'à la récupération de toutes les quantités de drogue disséminées en mer» et la surveillance des plages est assurée en soutien aux missions de contrôle des gardes-côtes. Selon M. Aydaoui, le recours au transport maritime par les narcotrafiquants résulte du «maillage du territoire» par les services de sécurité. Cela s'est traduit par l'arrestation de 242 personnes, dont une vingtaine de barons de la drogue de Tlemcen, d'Oran, de Aïn Defla, de Sétif, de Chlef et d'Alger. Deux réseaux internationaux démantelés avec l'aide d'Interpol Deux réseaux internationaux ont également été démantelés avec l'aide d'Interpol, a-t-il rappelé. Remarquant «une baisse sensible de l'activité de contrebande de la drogue par voie terrestre», il indique que durant les années 2007 et 2008 les quantités saisies étaient respectivement de 10 et 4 quintaux. Les narcotrafiquants favorisent la voie maritime en raison des courants marins qui poussent vers le littoral la drogue jetée à la mer par les narcotrafiquants. Deux scénarii distincts ont été exposés par le lieutenant-colonel Réda Aydaoui. Le premier décrit un transbordement de la marchandise, lorsque la mer est déchaînée, pour qu'elle puisse être récupérée, sur le littoral, par des complices et ensuite être acheminée par voie terrestre. «Déguisés en pêcheurs munis de perches, les trafiquants se pointent en des endroits précis» du littoral pour récupérer la marchandise illicite, a-t-on expliqué de même source qui ajoutera qu'une trentaine de personnes chargées de cette opération ont été arrêtées. Le second scénario fait état d'un abandon pur et simple de la marchandise, suite à des contraintes de différentes natures. Durant la semaine écoulée, quelque 29 quintaux de kif traité rejetés par les vagues ont été saisis dans la wilaya de Aïn Témouchent. Au sujet de la saisie des 26 quintaux de kif traité, d'une valeur estimée entre quatre et cinq millions de dollars, à Sbiaât, le commandant de groupement a estimé que «probablement les narcotrafiquants avaient été surpris par les vents d'ouest qui sont imprévisibles, et ont dû, par conséquent, abandonner leur embarcation avec la cargaison». «Cette prise a confirmé l'utilisation de la voie maritime par les barons de la drogue qui n'hésitent pas à utiliser d'importants moyens pour leur trafic», a noté le commandant du groupement. Il a précisé que «20% des 40 quintaux de drogue saisis entre 2006 et 2008 étaient acheminés par voie de mer». «Les cerveaux de ces trafics, a-t-il poursuivi, prennent toutes les précautions pour ne pas tomber dans les filets des services de sécurité et n'hésitent pas à abandonner d'importantes quantités de drogue, à l'instar des 26 qx récupérés à Sbiaât». Le «crocodile» comme signe de reconnaissance Comme pour confirmer une nouvelle fois cette thèse, une autre quantité de 30 kg a été récupérée, mercredi, à la plage El Aïn de la commune d'Ouled El Kihal. «Plus de 60 kg de kif traité, rejetés par la mer, ont été récupérés, du 13 au 15 avril, entre Aïn Témouchent et Oran», a indiqué jeudi la Gendarmerie nationale dans un communiqué. Une importante quantité de plus de 60 kg de kif traité rejetés par la mer ont été découverts également par les gardes-côtes de Beni Saf à deux miles au nord de Ras Ouelhassa (Aïn Témouchent), a annoncé la base régionale des gardes-côtes d'Oran. Cette quantité de kif traité portant des signes sous forme de «crocodile» découverte lors d'une patrouille d'une unité des gardes-côtes, a été transférée aux services concernés, a indiqué la même source. Dans le même contexte, relève le lieutenant-colonel Aydaoui, cinq embarcations, dont deux avec moteurs, utilisées pour le transport des stupéfiants ont été saisies à Aïn Témouchent, depuis 2007. Deux de ces embarcations transportaient de la drogue. Un zodiac a aussi été intercepté avec 17 qx de drogue à son bord. «L'enquête a révélé que cette cargaison appartenait à un Russo-Belge dénommé Vladimir, un baron de la drogue recherché par Interpol», a-t-il ajouté. En 2008, a souligné le responsable militaire, la mer a rejeté, également, une plaquette de capsules contenant six grammes de cocaïne, ainsi que des explosifs. Par ailleurs, au cours d'une patrouille, les gendarmes de la brigade territoriale de Birine (Djelfa) ont mis la main, jeudi, sur 97,1 grammes de kif traité, après avoir appréhendé deux personnes se trouvant à bord d'un camion de marque Saviem. Par ailleurs, 530 comprimés de psychotropes, de différentes marques ont été saisis, mercredi à Béchar, dans le domicile d'une personne interpellée à la cité d'El Ketara par les gendarmes de la brigade territoriale de Kenadsa, indique le communiqué de la gendarmerie.