Sans aller jusqu'à parler prématurément de succès, le moins qui puisse être dit est que l'appel lancé par le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, l'Algérien Lakhdar Brahimi, en vue d'une trêve en Syrie à l'occasion de la fête de l'Aïd al-adha, a capté l'attention des dirigeants de Damas tout comme celle des insurgés. Les deux belligérants se disent prêts à accepter la trêve, exigeant toutefois que le camp adverse fasse de même. Damas a fait part de sa volonté de discuter du cessez-le-feu réclamé par le médiateur international à condition que les insurgés respectent la trêve. “La Syrie est prête à explorer cette option", selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Mais, a-t-il précisé, les rebelles et les pays qui les soutiennent doivent être impliqués. Il a même affirmé que Damas a hâte d'accueillir M. Brahimi pour connaître la position des pays influents qu'il a visités ces derniers jours. L'allusion à la Turquie, au Qatar et à l'Arabie saoudite, qui “hébergent, financent et arment" les rebelles, est évidente. Ces pays “vont-ils faire pression sur les groupes armés ?", s'est interrogé le porte-parole de la diplomatie syrienne. De leur côté les insurgés se disent intéressés par l'initiative du diplomate algérien et posent une seule condition pour son acceptation : l'arrêt des bombardements de l'armée de l'air syrienne. “Il est normal que (les rebelles) arrêtent les hostilités quand la machine de guerre du régime l'aura fait", a déclaré, à ce sujet, le chef du Conseil national syrien, principale coalition de l'opposition en exil. L'appel de M. Brahimi s'adresse en premier lieu au régime, selon lui, car c'est lui “qui ne cesse de pilonner les villes et les localités syriennes." Au moment même où l'initiative du médiateur international suscite l'intérêt avant d'emporter peut-être l'adhésion des belligérants, l'ONU se prononce pour la première fois sur les légions de combattants étrangers qui se battent auprès des insurgés syriens. Des membres de la Commission d'enquête de l'ONU pour la Syrie ont, en effet, estimé que les combattants étrangers en Syrie, qui se comptent par centaines, sont un dangereux élément de radicalisation du conflit. “La présence de ces militants étrangers radicaux, islamistes ou djihadistes, nous inquiète beaucoup", a avoué le président de la commission, Paulo Pinheiro. Une question se pose alors : quelle emprise la rébellion syrienne a-t-elle sur ces djihadistes venus d'ailleurs ? Pourraient-ils faire respecter un éventuel cessez-le-feu dans leurs propres rangs ? M.A. B