AMahrez est un prénom masculin qui fait partie de la nomenclature traditionnelle. Il provient de l'arabe muhrraz (conserver, garder en vie), du verbe haraz (conserver, garder en vie). Un Mahrez célèbre est le saint patron de Tunis, Sidi Mahrez. Sidi Mahrez -de son vrai nom Muhrîz ben Khallâf- est né à Tunis en 951-952 et il est mort en 1022. On l'appelle Al ‘Abîd, l'adorateur (de Dieu), mais son surnom le plus connu est Al Mu'addîb, l'éducateur. Muhrîz a fait des études dans sa ville natale et, devenu adulte, il s'occupe à son tour de l'enseignement, d'où son surnom d'Al Mu'addîb (l'éducateur). Il a acquis une telle notoriété que sa maison s'est vite transformée en école : les enfants -mais aussi les adultes- affluaient de toutes parts pour suivre ses cours mais aussi pour écouter ses conseils éclairés. Selon ses biographes, c'est lui qui aurait suggéré à son cousin, Ibn Abî Zayd Al Qarawaynî (le fameux Sidi Bouzid de la tradition maghrébine) de rédiger un manuel à l'usage des étudiants, la célèbre Epître sur le droit malékite, aujourd'hui encore très lue au Maghreb. Muhrîz était connu pour son orthodoxie intransigeante et son opposition au chi'isme. Les Manâqib lui font jouer un rôle de premier plan dans le massacre des chi'ites de Tunis par le prince Hammâd ben Buluggin. En reconnaissance de ce rôle, l'émir ziride a fait son éloge et ordonné aux autorités de veiller à son bien-être, de préserver ses biens et de l'exempter de l'impôt. Homme pieux, d'une générosité proverbiale, Muhrîz était vénéré par le peuple. Sa maison était toujours ouverte aux pauvres et aux voyageurs de passage qui étaient assurés d'y trouver gîte et couvert. Il avait aussi des ennemis, principalement dans les milieux chi'ites, qui ne lui pardonnaient pas son attitude au moment des persécutions zirides. C'est l'un de ces ennemis qui l'a tué en s'introduisant de nuit dans sa maison en l'empoisonnant. La tombe de Muhrîz a toujours été l'objet de la vénération populaire qui en a fait le saint protecteur de la ville de Tunis. Les juifs le vénèrent aussi en raison de ses interventions en leur faveur. Il les avait notamment autorisés à s'installer dans le quartier de la H'ârâ et de pratiquer librement leur culte. Muhrîz était considéré comme un savant malékite de renom. Il avait enseigné le droit musulman ainsi que le Coran et le hadith mais il n'a laissé aucun ouvrage. C'est tout juste si l'on cite de lui quelques vers, dont une description des ruines de Carthage, causée par l'invasion des Banou Hilal, les tribus arabes lancées par les chi'ites Fatimides contre le Maghreb. M. A. H ([email protected])