La fréquentation des touristes algériens dans les établissements hôteliers tunisiens a enregistré une hausse de 34% pour la saison estivale 2012 par rapport à 2011 (700 000 depuis janvier), des chiffres qui rassurent les Tunisiens qui multiplient les initiatives afin de rattraper le net recul survenu au lendemain de la révolution du Jasmin estimé en 2011 à -15%. C'est dans cette optique que la représentation en Algérie de l'Office national de tourisme tunisien a tenu hier une rencontre avec des gérants d'agences de voyages de l'est du pays ; l'ordre du jour, selon le directeur, Bessam Ouertani, est d'évaluer les échanges entre les deux pays, mais surtout d'écouter les problèmes et les propositions des gérants, après l'affluence record des Algériens constatée après le mois de Ramadhan dernier. Un débat qui, faut-t-il le rappeler, intervient quelques jours seulement après la rencontre entre les ministères du Tourisme algérien et tunisien. Le premier point abordé par M. Ouertani a été bien évidemment les informations et les rumeurs concernant l'insécurité qui règne en Tunisie dans certaines villes et routes frontalières. Le représentant de l'ONTT a affirmé qu'en raison de la normalisation progressive de la situation sécuritaire, le nombre de touristes algériens a nettement augmenté ; après le chaos de 2011, les Tunisiens, explique-t-il, ont appris la leçon car 2 millions de personnes dépendent directement ou indirectement du tourisme. De leur côté, les agences de voyages n'ont pas révélé des cas d'agressions graves ou des plaintes particulières de leurs clients, un gérant a même proposé de clore le débat car, selon lui, c'est la presse qui a alimenté les rumeurs et aggravé les faits. Des représentants d'agences de voyages ont cependant noté une baisse de la qualité des prestations dans les hôtels accompagnée paradoxalement d'une hausse des prix de nuitées, d'autres ont par la suite dénoncé les mesures de certains établissements qui refusent d'accueillir ou d'accorder la formule all-inclusif à des jeunes célibataires, ce à quoi M. Ouertani répondra que l'abus d'alcool et le comportement agressif d'une partie des jeunes a poussé les hôtels à prendre une telle décision. Par ailleurs, le problème de transfert des devises vers l'étranger pose un énorme problème aux gérants des agences de voyages, selon certains d'entre eux, ce sont les banques qui bloquent toutes transactions : “À chaque fois, nous prenons d'énormes risques, comme nous n'avons pas de domiciliation comme les importateurs, il nous est interdit de payer nos partenaires étrangers. Nous sommes en quelque sorte des trabendistes agréés. Si les sommes importantes peuvent être déclarées sans problèmes aux douanes tunisiennes, ce n'est pas le cas dans nos postes frontaliers, les douaniers saisissent toute la somme et nous risquons même la prison. Nous sommes donc obligés de faire sortir des devises en Tunisie dans la clandestinité, en l'absence de procédures bancaires. Chaque nouveau ministre du Tourisme qui vient, évite de traiter le sujet !", regrettent les concernés. D B.