Ces derniers mois la question des flux migratoires est devenue récurrente à Oran, avec l'accroissement de ce phénomène que d'aucuns lient à la situation sécuritaire régnant dans l'ensemble du Sahel et, dans une autre mesure, à la situation de pauvreté touchant ce même espace géographique. Alors que des organismes caritatifs locaux évoquent le nombre de quelque 2 000 migrants en situation régulière ou non “installés" et qui se retrouvent dans quelques quartiers d' Oran, les statistiques de la Sûreté de wilaya en matière de séjours irréguliers des migrants sont encore l'un des paramètres d'indication de l'évolution du phénomène des flux des migrants vers notre pays qui devient “par défaut un pays de fixation" comme nous l'indique un jeune migrant en situation légale. Ainsi pas moins de 300 affaires ont été traitées par la justice concernant des migrants en situation irrégulière et pas moins de 800 arrestations opérées par les différents services de sécurité, et cela depuis le début de l'année. La situation est d'un coup devenue plus visible à Oran cet été avec l'arrivée d'une cinquantaine de femmes originaires de l'ethnie “hawsa", accompagnées de leurs enfants dont des nourrissons et qui ont mis en relief toute la problématique et la difficulté de la prise en charge de ces populations vulnérables. Vivant depuis des mois dans la rue, ces femmes migrantes sont réduites à la mendicité lorsque la générosité des passants et d'associations caritatives ne parviennent pas à leur apporter l'assistance nécessaire. Alerté par des situations critiques et graves de migrants à Oran, viol d' une jeune fille, expéditions punitives de citoyens, arrestations au niveau des structures de santé de migrantes venues y accoucher, la société civile (associations et syndicats), en collaboration avec les coordinateurs de Médecins du Monde en Algérie, ont tenu plusieurs rencontres de concertation pour évaluer les moyens permettant d'apporter une prise en charge en direction des migrants les plus vulnérables. Ainsi, à l'instar de ce qui se pratique à Alger, Médecins du Monde compte soutenir des actions de sensibilisation auprès de la communauté des migrants mais également auprès des autorités, pour permettre et faciliter l'orientation et l'accès des migrants dans les établissements de santé publics d'Oran et d'améliorer leurs prises en charge. La précarité des migrants, souvent enfermés dans des clichés et assimilés systématiquement à des criminels et des faussaires lorsque ce ne sont pas des “discriminations liées directement à leurs origines et au faciès", doivent pouvoir bénéficier de soins au même titre que les Algériens, et cela en vertu des conventions internationales ratifiées par l'Algérie, comme cela nous a été encore réaffirmé lors de l'une de ces rencontres d'informations. C'est ainsi que des “éducateurs pairs" issus des différentes communautés des migrants bénéficient de formations de la part de Médecins du Monde, et cela afin de donner forme à un programme d'action qui aura pour objectif “d'informer et sensibiliser sur les questions liées à l'éducation, la santé, la prévention sanitaire", mais également par la distribution de kits hygiène, de couvertures en hiver. “Des données sur la présentation du fonctionnement du système de santé algérien sont également fournies avec toujours ce souci de faciliter l'accueil, l'orientation et l'accompagnement vers les établissements publics de santé" avons-nous appris. Par ailleurs, un volet de ce programme prévoit encore des actions de sensibilisation en direction des soignants des différents établissements de santé qui seront répertoriés en fonction des lieux de résidence des migrants. D. L