Des régions qui étaient autrefois désertées deviennent aujourd'hui attractives. On se rappelle que les sociétés pétrolières fuyaient comme de la peste l'exploration dans les zones lointaines des grands gisements pétroliers et gaziers, notamment dans les grands ergs occidentaux pour diverses considérations dont les coûts élevés d'exploration, de production et de canalisations en plus du problème d'infrastructures pas souvent disponibles. Plus maintenant. Elles acceptent volontiers de concourir pour les projets de recherche et d'exploration situés dans des zones difficiles comme les plateaux de Reggane et de Timimoun. Plus que ça, elles cherchent à développer ouvertement des partenariats gagnant-gagnant pour s'engager dans des projets de mise en valeur à grande échelle et à long terme. C'est ce qui ressort des travaux et des débats de la quatrième séance du Forum d'Alger “Algeria Future Energy", animés par un panel de quatre représentants de sociétés opérant en Algérie en partenairiat avec Sonatrach. Il s'agit de Jacques Marraud des Grottes, vice- président Afrique pour Total (France), Mounir Bouaziz, vice-président commercial pour le Mena pour Shell (USA) ), Ferdinando Rigardo, directeur régional Europe, Asie et Afrique pour Repsol (Espagne) et Attle Rettedal, premier vice-président, nouveau projet pour Statoil (Norvège). Toutes ces sociétés ont des investissements importants en Algérie y compris Repsol (2,9 milliards de dollars) et Statoil (3,5 millards de dollars), comme annoncées par leurs représentants respectifs. Une certitude se dégage : l'Algérie de par ses ressources importantes figure désormais en bonne place dans les stratégies des multinationales. Un expert nous dit que cela est prévisible : s'il y a certainement moins de probabilité à découvrir de grands gisements de la taille de Hassi R'mel et Hassi Messaoud, le gaz non conventionnel aura plus de chance à se faire valoir en allant le découvrir dans des roches, certes, plus complexes mais prometteuses dans des régions autrefois désertées. Les nouvelles donnes géologiques, le progrès technologique, la raréfaction des ressources conventionnelles et le contexte international sont des facteurs favorables. Premier à intervenir, M. Saïd Sahnoun, le vice-président amont à la Sontatrach, a expliqué que l'Algérie consciente de ses potentialités énormes en ressources en gaz non conventionnelles avait pris les devants en adoptant un programme national ambitieux visant à préparer la relève de l'après-pétrole en diversifiant ses ressources énergétiques. Dans ce cadre, il fait état des études engagées pour passer des données statistiques à des données dynamiques avec le lancement de deux puits dans les plateaux du sud-ouest dans les régions de Timimoun et d'Ahnet dont l'un est déjà opérationnel, ce qui a permis d'identifier des facteurs de succès appréciables. Le deuxième sera lancé dans le courant de l'année 2014. Profitant de la présence des représentants des sociétés pétrolières et des experts internationaux qui ont tenu à effectuer le déplacement pour ce rendez-vous important tenu en Algérie, le vice-président a rappelé les nouvelles mesures incitatives à l'investissement dans le domaine énergétique en Algérie, notamment au plan fiscal, réglementaire et environnemental en les adaptant au contexte international. Les quatre représentants ont chacun exposé brièvement leurs programmes de mise en valeur du gaz non conventionnel à travers leurs expériences dans les grandes zones productrices dans le monde, essentiellement l'Amérique du Nord, l'Argentine, l'Europe, la Russie, le Moyen-Orient dont le Qatar, l'Afrique, l'Australie. La demande pour le gaz non conventionnel connaîtra une forte croissance pour les deux décennies à venir en s'élevant de 2,5% pour pas assez loin du taux de 4 pour cent du bilan énergétique. De plus, ils donnent l'assurance d'une maîtrise technologique pour toute la chaîne d'exploitation. En échange, ils demandent en particulier un aménagement fiscal dans un cadre de partenariat gagnant-gagnant tenant compte de la nature du gaz non conventionnel. Pour les intervenants algériens, le souci a été orienté sur le transfert de technologie et notamment dans l'accompagnement des projets et le management. Notre expert Mekkidèche est intervenu pour s'interroger sur le seuil de rentabilité pour ce genre complexe d'exploitation aux coûts élevés. La réponse des opérateurs étrangers n'exclut pas, malheureusement, ce risque qui peut être cependant compensé par les autres productions liquides à côté du gaz. Contrairement au gaz de schiste, celui non conventionnel renferme en effet des mélanges de liquides (condensat). C'est justement là qu'il faut partager le risque. S. B.