Cette manifestation, placée dans sa quatrième édition sous le signe “Mouvements en liberté", s'est ouverte jeudi. La soirée inaugurale a été émaillée par la belle prestation d'Ahmed Khemis, un danseur aguerri qui a exploré, par la danse, le voyage de Bou Saâdia. La danse contemporaine est à l'honneur, à Alger, depuis jeudi et jusqu'au 22 novembre prochain, dans le cadre de la 4e édition du Festival international de la danse contemporaine. L'auditorium du palais de la culture Moufdi-Zakaria -lieu qui abritera la manifestation en plus d'autres salles dans la capitale- a accueilli la cérémonie d'ouverture jeudi soir. Une cérémonie marquée par la présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et d'un public nombreux, très nombreux même. Afin de ne décevoir personne, notamment les nombreuses personnes restées dehors bien que munies d'invitations, une projection de la soirée a été organisée dans le hall d'entrée du palais. Une soirée riche en performances, oscillant entre les formes classique, folklorique et contemporaine. Bien évidemment, on pourra s'interroger longtemps (mais vainement !) sur la programmation des prestations de danses folklorique et classique, sur ce mélange des genres quasi improbables ; mais peut-être les organisateurs ont-ils voulu mettre en avant la place de la danse en Algérie, qui s'exprime sous différentes formes. Si le potentiel existe ainsi que le talent, on décèle un manque flagrant de rigueur et de discipline. Après un prélude de deux violonistes de l'Orchestre symphonique national, l'association culturelle Arabesque a présenté un ballet de danse classique intitulée Don Quichotte, de Léon Minkus. La deuxième prestation signée par les éléments du Ballet national algérien, avait pour titre Bidaya (commencement). Une belle prestation des danseurs qui ont, dans un registre contemporain, évoqué le rapport du danseur à la société, et la difficulté d'être pris au sérieux lorsqu'on est danseur. Un thème intéressant, joliment interprété scéniquement. Toujours dans le registre contemporain, la compagnie Sylphide a exploré, à travers notamment les gestes maîtrisés et bien agencés de Samar Bendaoud, “le conscient et l'inconscient, le réel et l'irréel, le bien et le mal, le parfait et l'imparfait, le beau et le laid, chez une jeune femme anonyme bien de chez nous", et ce, à travers le spectacle Troubles. Un voyage intérieur Pour clore la soirée, le Ballet national a proposé des danses folkloriques, mais avant ce final, Ahmed Khemis de la compagnie Jawal a brillé avec un spectacle formidable qui propose de revisiter par la danse la légende populaire de Bou Saâdia, qu'on appelle dans d'autres régions de l'Algérie, Baba Salem. Un derviche -dans son sens maghrébin- qui sillonne les contrées et les villages à la recherche de sa fille. Personnage fascinant auquel on attribue les dons de guérisseur, qui s'entoure de Gnawa, et exorcise la profonde douleur de la perte de sa fille par des danses. Vêtus de lambeaux multicolores –rappelant ainsi Bouderbala, un personnage errant, un troubadour dans la hiérarchie des Gnawa-, il cède à l'appel des instruments de musique (crotales, goumbri, ganga), pour revisiter sa mémoire, celle de ces ancêtres et de son peuple. En danseur aguerri, Ahmed Khemis, originaire d'Ouargla, a construit un spectacle circulaire, où la fin est un début, un éternel recommencement comme pour mettre l'accent sur les tourments de l'âme d'un père ayant perdu sa fille, et pour lequel le temps passé loin d'elle n'existe plus. La prestation, agrémentée de musiques Gnaoua et Fondou, a exploré les différentes facettes de Bou Saâdia. Le périple de ce voyageur infatigable était, dans les mouvements d'Ahmed Khemis, à la fois physique et intérieur. Le danseur lui a même donné des accents mystiques, en empruntant certains gestes des derviches tourneurs. Une formidable prestation durant laquelle le danseur a exploré les limites du réel et de l'irréel. Une expérience de la mort et un retour de la mort vers la vie. Par ailleurs, deux hommages ont été rendus : le premier au Ballet national algérien et le second à Rachida Reguig, fondatrice, dans les années 1980, du premier Ballet féminin de Sidi Bel-Abbès. S K