Mohamed Ras El-Aïn, le président du tribunal d'Alger a été destitué de la présidence du syndicat national des magistrats (SNM), le 30 octobre 2003. La convocation du conseil national du SNM en dehors du cadre réglementaire, puisque l'assemblée générale du 9 octobre avait décidé de son report jusqu'en juin 2004, s'était faite dans le seul objectif de le détrôner de la tête du syndicat. La raison en est qu'il a eu le courage de dénoncer publiquement l'instrumentalisation de la justice dans l'affaire du mouvement putschiste dit de “redressement” contre la direction et les instances dirigeantes du FLN. Au lendemain de la décision judiciaire, prononcée le 1er octobre dernier, à minuit, par la chambre administrative de la cour d'Alger, interdisant la tenue du congrès extraordinaire du parti en “tous lieux”, Mohamed Ras El-Aïn a pris l'initiative, en effet, de convoquer une conférence de presse, pour appeler à la neutralité de l'appareil judiciaire et à sa non-instrumentalisation à des fins politiques. Le très timide et réservé président du tribunal d'Alger élu par ses pairs président du SNM, en août 2002, en remplacement de son prédécesseur Tayeb Louh après sa désignation de ministre du travail était loin de se douter de la riposte du cercle présidentiel à son égard auquel il a refusé de faire allégeance. En effet, dès sa sortie médiatique, il n'a pas cessé de subir des pressions de sa tutelle l'enjoignant de se taire. C'est lui-même qui le dit, en soutenant que “des magistrats ont été menacés. Ils ont reçu des appels téléphoniques de nuit, leur intimant l'ordre de se déplacer à Alger, pour assister au fameux conseil national convoqué à la hussarde”. Il précisera dans le même sens que “les frais de déplacement, d'hébergement et de restauration des magistrats qui se sont déplacés au conseil national du SNM ont été pris en charge par la direction générale des moyens du ministère de la Justice”. Ras El-Aïn, comme tant d'autres, par ailleurs, a vérifié à ses dépens les méfaits d'une justice otage du clan au pouvoir. N. M.