Président du tribunal d'Alger (août 2000 à décembre 2004) et premier responsable du syndicat national des magistrats (SNM) (juillet 2002 au 30 octobre 2003), Mohamed Ras El Aïn a perdu ces deux fonctions pour avoir contesté l'instrumentalisation de l'appareil judiciaire dans l'invalidation du 8e congrès de l'ex-parti unique. Inscrit au barreau, il a ouvert un cabinet dans sa ville natale d'El Eulma. Dans cet entretien, il revient sur l'affaire du FLN qui a mis fin à sa carrière de magistrat. Liberté : Six mois après votre radiation, espérez-vous encore que le Conseil d'état tranche en votre faveur et prononce votre réhabilitation ? Ras El Aïn : Je ne perds pas espoir. Pour le moment, l'affaire est toujours en examen. J'ai transmis mes réponses. La partie adverse a fait de même. À présent, j'attends. La chancellerie persiste à dire que vous avez été révoqué pour avoir violé votre obligation de réserve… Dans l'affaire du FLN, puisqu'elle est la cause de ma radiation, je ne me suis pas exprimé en tant que magistrat mais en qualité de président du Syndicat national des magistrats. Les justificatifs du ministère ne tiennent donc pas la route. Cela étant, ma sortie est intervenue dans une période de conflit politique en perspective de l'élection présidentielle où les différentes parties cherchaient à vaincre en utilisant la justice. Votre sortie vous a également valu votre destitution à la tête du syndicat… Il était de mon devoir d'expliquer ma démarche devant l'assemblée générale du syndicat. Cela s'est passé le 9 octobre (2003 ndlr). Les problèmes ont alors commencé. Aïdouni (l'actuel président du SNM) et son groupe ont tenté de créer une division. En dépit de leur tentative de me déloger de mon poste, l'AG m'a renouvelé sa confiance jusqu'à juin. Le 30 juin pourtant, un coup d'état a eu lieu. En violation de la loi organique, le conseil national a voté ma destitution. Bien que doublement sanctionné, vous continuez à contester le fonctionnement de l'appareil judiciaire. Que lui reprochez-vous ? Le 19 mars dernier, j'ai publié une lettre dans la presse dans laquelle j'ai exprimé mes objections. Le fait que le ministère de la justice se saisisse lui-même et à travers son inspection générale des dossiers de magistrats est une preuve de partialité. La publication de ma lettre fait que je subis des pressions supplémentaires mais je ne me résigne pas au silence. S. L.