Le 7e sommet de l'Union du Maghreb arabe (UMA), qui devait avoir lieu les 23 et 24 décembre à Alger, a été, pour la énième fois, reporté. Il a connu le même sort que celui de juin 2002. Les raisons de l'ajournement ne diffèrent pas de celles avancées il y a un an et demi dans la capitale algérienne. Les différends constatés entre certains pays sont à l'origine de cette panne répétitive de l'organisation maghrébine. Le sommet des cinq chefs d'Etat de la région ne s'est pas tenu depuis la réunion de Carthage en 1994. Toutes les conditions étaient pourtant réunies pour la réussite de la 7e édition de l'UMA. Alger n'a ménagé aucun effort diplomatique pour accorder les positions des uns et des autres. Le chef de la diplomatie algérienne a recueilli, à cet effet, des avis favorables auprès du souverain alaouite et du leader libyen. Ni Tripoli ni Rabat n'ont donné l'impression de vouloir manquer le rendez-vous d'Alger. D'ailleurs, lors du sommet euro-méditerranéen de Tunis (5+5), tenu en début du mois de décembre, les chefs d'Etat du Maroc et de l'Algérie se sont évités. Donc, rien ne laissait présager un changement de leur attitude. Il a fallu attendre le début des travaux des comités des experts et des ministres des Affaires étrangères de l'UMA pour voir des doutes et des incertitudes planer sur la tenue du sommet d'Alger. En effet, le ministre des Affaires étrangères marocain, dès son arrivée à Alger, annoncera la non-participation du roi. Il annoncera alors la couleur. Il parlera à la presse du “respect par les membres de l'UMA de l'intégrité territoriale de chaque pays.” Et d'ajouter : Rabat “n'abandonnera aucun pouce de son territoire”. Allusion au Sahara occidental. Il était venu à Alger pour réitérer la position de chantage, déjà connue, de Rabat. À ce propos, il rappellera que la question sahraouie devrait être discutée d'abord avec les Algériens avant de passer à l'instance internationale, l'ONU. C'est une manière d'exercer une pression sur Alger et de lui faire entériner la politique du fait accompli – accepter l'annexion des territoires de l'ancienne colonie espagnole par le royaume chérifien. Alors qu'Alger s'en tient toujours au plan de paix onusien. Tripoli, pour sa part, qui traîne un différend avec Nouakchott, préfère demander carrément l'ajournement du sommet. L'avenir de l'UMA demeure tributaire des intérêts et des différends de certains pays de la région. Jusqu'à quand ? Alors que l'ère des ensembles régionaux bat son plein ces dernières années, l'UE, partie pour être un ensemble communautaire économique, vit aujourd'hui l'ère de l'espace et de la monnaie uniques. Les Maghrébins s'en tiennent toujours aux termes de la convention de Marrakech dépassée et qui nécessite une révision approfondie. L'échec du sommet de l'UMA est-il un flop monumental pour la diplomatie algérienne ? R. H.