Le prochain président égyptien sortira probablement des rangs de l'armée, le chef de l'Etat actuel, Hosni Moubarak, ayant déclaré explicitement que son fils cadet ne lui succèderait pas, notent des analystes. “Le prochain président sera très probablement issu de l'institution militaire”, estime Diaa Rachwane, chercheur au Centre d'études politiques et stratégiques d'Al-Ahram. “L'institution militaire a été dans les coulisses de l'arène politique depuis la révolution de juillet” 1952, le coup d'Etat mené par le colonel Gamal Abdel Nasser qui a renversé la monarchie, poursuit-il. L'armée veut garder un de ses représentants à la tête de l'Etat pour mieux contrôler les “questions de sécurité nationale”, d'autant plus importantes dans le contexte régional actuel, selon M. Rachwane. “Il y a des guerres, dans la région, de l'Irak au Soudan, sans parler du conflit israélo-palestinien”, note le chercheur. “C'est la manière normale de diriger les affaires dans la région. Les militaires sont aux commandes, même en Israêl qui se prétend un oasis de démocratie”, dit-il en allusion à l'élection au cours d'une décennie, de deux ex-généraux, Yitzhak Rabin et Ariel Sharon, au poste de Premier ministre. M. Moubarak, 75 ans, a mis fin jeudi à une rumeur persistante selon laquelle son fils Gamal pourrait lui succéder à la magistrature suprême. “C'est absurde (...) l'Egypte est une république. Il n'y a pas de transmission héréditaire du pouvoir. Si cela est arrivé dans certains pays, cela n'arrivera pas en Egypte”, a dit M. Moubarak dans un entretien télévisé. Le président égyptien faisait allusion à la Syrie, où Bachar Al-Assad a succédé en 2000 à son père décédé. Gamal Moubarak, 40 ans, a été nommé en 2002 à la tête du comité politique du Parti national démocrate (PND), au pouvoir. Beaucoup ont vu dans cette promotion le signe qu'il succéderait à son père. La rumeur s'est accentuée après que le chef de l'Etat eut été pris d'un malaise lors d'un discours au Parlement en novembre, soulevant des interrogations sur son état de santé. M. Moubarak a toujours refusé de nommer un vice-président, poste que lui-même, comme son prédécesseur Anouar Sadate, occupait avant son arrivée au pouvoir en 1981. MM. Moubarak et Sadate, comme Nasser, étaient des anciens officiers de l'armée. Il existe néanmoins un groupe au sein du PND qui milite pour la candidature de Gamal Moubarak, “sous prétexte que c'est un civil, représentant la jeune génération”, estime M. Rachwane. Selon la Constitution, en cas d'invalidité ou de disparition du chef d'Etat, le chef du Parlement assume la présidence pour une période de 60 jours au cours de laquelle l'Assemblée doit désigner, à la majorité des deux tiers, un candidat à la magistrature suprême qui doit être ensuite plébiscité. Mais “il y a probablement déjà un consensus, au sein de la hiérarchie militaire, sur le nom du successeur (de M. Moubarak), même s'il n'est pas encore annoncé”, ajoute le chercheur. Le nom qui revient le plus souvent est celui du chef des services de renseignements, le général Omar Souleimane, qui jouit d'une grande expérience aux plans national et international et que M. Moubarak a chargé d'une médiation délicate auprès des groupes palestiniens pour parvenir à une trêve avec Israël.