Il aura fallu moins de 24 heures aux enquêteurs du Groupement territorial de la Gendarmerie nationale (GTGN) de la wilaya de Blida pour élucider le cambriolage avec violence de la poste de Chebli, une commune de la daïra de Bouinan, distante d'une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya. Il est 4h du matin de ce mardi lorsqu'une personne se présente à la brigade de la gendarmerie de Chebli pour prévenir du braquage de la poste communale. Aussitôt, l'alerte est donnée par le GTGN de Blida et son commandant, le colonel Denia Mohamed-Nadjib, ordonne la mise en place de barrages routiers pour quadriller la zone, intercepter les deux individus présumés auteurs du hold-up et récupérer les 1,6 milliard de centimes volés. En parallèle, un renfort conséquent a été dépêché par le GTGN à Chebli, appuyé par la cellule technique scientifique et les éléments de la section de recherches de la wilaya, une unité spécialisée dans la lutte contre le crime organisé. Après constatation de la scène du crime et les réponses du receveur de la poste, le premier scénario envisagé est celui d'une attaque perpétrée par deux personnes armées de couteaux et qui blesseront au cours de l'opération le receveur. Pour preuve de son témoignage, ce dernier montrera aux enquêteurs de la gendarmerie des blessures apparentes au niveau de la tête. Il dira qu'il a été obligé d'ouvrir le coffre contenant 1,6 milliard de centimes sous la menace d'un couteau qu'on lui a mis sur la gorge. Cependant certains détails et non des moindres vont faire vaciller, dans un premier temps, la version primaire du receveur. En effet, le siège de la poste est relié directement à celui de la brigade de la gendarmerie en cas de danger et dispose, en outre, d'une puissante sirène d'alarme. Ces deux recours n'ayant pas été utilisés par le receveur ainsi que l'absence d'empreintes de personnes étrangères sur les lieux du crime vont amener les enquêteurs à douter du témoignage de la présumée victime. Transféré au siège du GTGN de Blida et confronté à des preuves matérielles, le receveur de la poste de Chebli, et après avoir essayé de lancer les enquêteurs sur de fausses pistes, finira par craquer et avouer être l'auteur de ce faux braquage. Il reconnaîtra que le hold-up était un scénario monté de toutes pièces avec la complicité de son épouse qui lui avait asséné des coups sur la tête pour rendre plus vraisemblable l'agression alors que la personne qui avait donné l'alerte à la brigade n'est autre que son fils de 12 ans. Quid de l'argent ? Le receveur dira qu'il avait fait la connaissance quelques mois plus tôt d'un individu qui s'est installé à Chebli et qui avait ouvert plusieurs commerces d'électroménager gagnant peu à peu la confiance et l'estime locale. De fil en aiguille, l'entente cordiale débordera sur des activités plus commerciales puisque le receveur alimentait en liquidités, avec des sommes allant entre 600 à 800 millions de centimes qu'il puisait du coffre postal, ledit commerçant qui, à chaque fois, les lui rendait en sus d'un bénéfice. L'opération se répète à plusieurs reprises et le receveur finira par tomber dans le piège classique de l'arnaque. Ferré et mis en totale confiance, il puisera, pour une énième opération, 1,6 milliard de centimes qu'il remettra à son “bienfaiteur". Ce dernier, au lieu de le rembourser avec sa marge habituelle, disparaîtra dans la nature sans laisser de traces derrière lui. Le receveur n'aura pour autre solution que de monter le scénario du cambriolage pour couvrir le trou. Confondu, il sera écroué et sa femme placée sous contrôle judiciaire. L'escroc, lui, est activement recherché. S O