Les deux gouvernements se sont toutefois engagés pour faire sauter tous les verrous qui bloquent les investissements entre les deux pays. L'Algérie et la Tunisie ont l'intime conviction que leurs relations bilatérales ne peuvent atteindre un haut niveau sans une coordination dans le domaine de la sécurité et de la défense. Le volet sécuritaire reste, pour les responsables politiques des deux pays, un préalable à tout partenariat dans les divers secteurs. Cette analyse a été développée dimanche par le Chef du gouvernement tunisien, Hamadi Jebali, lors d'une rencontre d'hommes d'affaires algériens et tunisiens, en marge de sa visite en Algérie. Pour lui, il faut déblayer le terrain pour asseoir une véritable coopération multisectorielle. Il en veut pour preuve les potentialités importantes que recèlent les deux pays qui, selon lui, méritent une meilleure exploitation. La difficile période vécue par l'Algérie et le long processus qu'elle poursuit pour la stabilité et le progrès, d'une part et la révolution tunisienne d'autre part, constituent, a affirmé Hamadi Jebali, deux atouts majeurs à même de renforcer les relations économiques des deux pays. Et de l'économie, il en était d'ailleurs question au cours de cette réunion. Les hommes d'affaires des deux pays ont saisi l'occasion pour évoquer les différents obstacles qu'ils rencontrent dans l'exercice de leurs activités. Les opérateurs économiques algériens et tunisiens ont mis en exergue la nécessité de faire sauter tous les verrous qui bloquent les investissements projetés dans les deux pays. S'adressant directement au Chef du gouvernement tunisien et à Chérif Rahmani, ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements, les intervenants ont soulevé toute une série de problèmes. Les Tunisiens installés en Algérie ont relevé l'écueil de la résidence. Un opérateur a, à ce propos, souligné que tous les 3 mois, il doit sortir du territoire algérien pour aller régulariser sa situation dans son pays. Dans le cadre de la zone arabe de libre-échange (Zale), quelques investisseurs tunisiens ont déploré la liste noire établie par l'Algérie pour certains produits et ont appelé à la mise en place d'un vrai marché commun. Partenariats : les secteurs et les filières identifiés Le permis de travail, la libre circulation, la bureaucratie, les taxes douanières... sont entre autres difficultés indiquées par les chefs des entreprises implantées à la fois en Algérie et en Tunisie. D'où l'impérative prise en charge réciproque de toutes ces contraintes. Néanmoins, ils demandent des solutions réelles et pragmatiques. Car, comme l'a si bien précisé un des intervenants : “On se réunit et on discute de ces sujets depuis plus de 15 ans mais les décisions qui découlent de ces réunions ne sont jamais appliquées sur le terrain." Devant cette situation, Chérif Rahmani s'est engagé pour résoudre les problèmes qui relèvent de son département et faisant partie de ses prérogatives. Les investisseurs tunisiens seront de ce fait reçus au ministère et à l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi) une fois un agenda de réunions défini. À cela, il y a lieu d'ajouter les programmes de visites de délégations des deux pays. Quant aux autres difficultés dépassant ses compétences, il les soumettra tel qu'il l'a déclaré, au Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Il prévoit, dans ce sens, l'organisation d'ateliers à travers lesquels des recommandations seront dégagées. Le ministre de l'Industrie a, par ailleurs, ciblé les secteurs et autres filières qui méritent une étude plus approfondie. Il s'agit, a-t-il indiqué, de la mécanique, de l'électronique, l'électricité, l'industrie pharmaceutique, les matériaux de construction et travaux publics, l'agroalimentaire, l'automobile... créneaux que l'Algérie veut développer sous forme de partenariats gagnant-gagnant avec la Tunisie. De son côté, Hamadi Jebali a émis le vœu de voir des lignes maritime et aérienne entre les deux pays se réaliser. Le président de l'Agence tunisienne de la promotion de l'investissement étranger, Noureddine Zekri, a recensé 30 entreprises algériennes dans son pays contre 70 projets d'investissement tunisiens en Algérie. B K