Au moment où les députés du FLN version Benflis investirent, hier matin, le boulevard Zighoud-Youcef, les autres parlementaires ont préféré s'agglutiner dans le préau de l'hémicycle, en spectateurs, et observer leurs collègues de l'ex-parti unique subir les coups de matraque des policiers. Exception faite, hier, des représentants de Abdallah Djaballah à l'APN, les élus du MRN ont, en effet, rejoint le mouvement de protestation sur le Front-de-mer. Jouissant de l'immunité parlementaire tel que prévu par la Constitution, ils ont eu, en revanche à l'instar de leurs confrères du FLN, droit au gourdin. “Nous sommes totalement solidaires avec l'action de protestation décidée par les députés du FLN. Puisqu'il est question aujourd'hui de l'avenir de la démocratie et du pluralisme en Algérie. La menace pèse à présent sérieusement sur la démocratie, sur les partis politiques en tant qu'institution. Aussi, faut-il rappeler que nous avons convenu d'une stratégie avec nos collègues du FLN pour sortir ensemble dans la rue. Mais cette stratégie n'a pas été respectée”, nous a confié le député Benkhalef du MRN. En revanche, les autres élus siégeant à l'APN ont adopté la position d'observateurs et ont mis en avant la loi interdisant les manifestations sur la voie publique. Le chef du groupe parlementaire du RND M. Miloud Chorfi a affirmé : “Chaque parti s'arroge le droit de manifester, mais les manifestations publiques dans la capitale sont interdites. Le RND regrette ce qui s'est passé ce matin. Le pays a réalisé des grands pas en matière de stabilité, il faut que nous tirions profit de cette stabilité.” D'autres chefs de groupes parlementaires ont versé dans le rappel des anciennes positions du FLN avant de se voir basculés dans l'opposition. Le chef de file des députés du MSP à l'hémicycle de Zighoud-Youcef, M. Mokri, n'est pas allé par quatre chemins pour rappeler que “c'est Benflis qui a lui-même interdit les manifestations et qui est pris, aujourd'hui, dans son propre piège. Si le FLN avait dénoncé la fraude de 1997, on ne serait pas arrivé à cette situation aujourd'hui. Les députés FLN ont le droit d'exprimer leurs opinions et nous, on a le droit de respecter notre politique et notre conviction. L'ex-parti unique peut protester à l'intérieur de l'Assemblée, puisque il a la majorité. Il peut même voter une motion de censure contre le gouvernement. Le MSP a déposé sur le bureau de l'Assemblée un projet de loi pour la levée de l'état d'urgence, mais, il a moisi dans les tiroirs de l'APN”. Les représentants du parti de Louisa Hanoune à l'APN ont, quant à eux, estimé judicieux d'appeler à la raison et à la sagesse pour faire éviter à l'Algérie de sombrer une nouvelle fois dans le chaos. Le chef du groupe parlementaire du Parti des travailleurs a souligné néanmoins que “le PT ne peut accepter des pratiques de représailles contre les députés. Les représentants du FLN sont libres de sortir dans la rue”. Les indépendants, pour leur part, ont préféré rester dans l'expectative. Ils promettent de faire connaître leur position “en temps opportun”. R. H.