La rencontre à huis clos qui a réuni le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, aux onze délégués du mouvement citoyen de Kabylie a duré presque 16 heures. Débuté samedi après-midi, à 14 h, ce premier round de dialogue a pris fin hier au lever du jour. Une suspension de séance est intervenue aux environs de minuit, ce après quoi les deux parties se sont remises au travail pour finaliser les points de discussion inscrits à l'ordre du jour. Considérée comme une prise de contact, cette réunion préliminaire a abouti à un accord sur au moins cinq des six préalables à la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur posés par le mouvement citoyen. Il s'agit, pêle-mêle, de l'arrêt des poursuites judiciaires contre les délégués, de la défiscalisation de la Kabylie durement affectée par les événements sanglants de 2001, de la réintégration des travailleurs licenciés ainsi que du règlement des factures de la Sonelgaz. Une énième exigence et non des moindres liée à la révocation des élus municipaux — issus des élections d'octobre 2002 largement boycottées par la population de Kabylie — reste en suspens. Elle fera l'objet d'une autre négociation lors d'une seconde rencontre prévue aujourd'hui. Visiblement, la première s'est déroulée dans un climat très serein. C'est du moins ce que rapportent les représentants dépêchés au Palais du gouvernement. Contraints à l'obligation de réserve imposée par le code d'honneur des archs, ils se sont contentés d'une impression globale en affirmant que l'ambiance était “détendue”. Pour autant, rien n'est encore gagné car il faudra vérifier sur le terrain l'engagement de l'Exécutif à dénouer la crise en prenant des mesures claires. Très prudents et renseignés par le précédent “burlesque” du dialogue taiwan mené par l'ex-Premier ministre, Ali Benflis avec des délégués autoproclamés, les animateurs de l'Interwilayas attendent des actes. “La poursuite du dialogue dépendra du règlement des incidences”, indique-t-on à la coordination de Tizi Ouzou. Un nouveau rendez-vous pour la concertation à la lumière du compte-rendu de la délégation envoyée à Alger devait avoir lieu aujourd'hui au cours d'un conclave de la coordination de Tizi Ouzou. Seulement, en raison de la poursuite des négociations avec Ouyahia, il a été reporté au week-end prochain. C'est au terme du dernier conclave de Boudjellil dans la wilaya de Béjaïa que les archs sont parvenus à un accord quant à l'envoi d'une délégation pour prendre langue avec les autorités. Ils ont fixé la date de la rencontre et son ordre du jour. Il est à noter que l'invite au dialogue a été lancée par le président Bouteflika, l'été dernier, à partir de Sétif. D'abord sceptiques, les archs ont ensuite été destinataires d'un nouvel appel du Chef du gouvernement qui a affiché “sa disposition” à mettre en œuvre la plate-forme d'El- Kseur. Il reste maintenant à savoir s'il tiendra sa promesse. Le sort de la Kabylie en dépend. S. L.