La prise en charge du cancer du sein dont l'incidence prend des proportions alarmantes constitue, de nos jours, un des problèmes majeurs du système national de santé. S'il est à relever que la prise en charge s'est améliorée de manière “sensible" avec les moyens de diagnostic introduits dans notre pays ces dernières années, il n'en demeure pas moins que beaucoup de choses restent à faire dans ce domaine. Et pour cause, l'Algérie continue d'enregistrer une moyenne de 3 500 décès sur environ 10 000 cas de cancer du sein recensés chaque année ! Quelle parade face à cette réalité ? Quels moyens faut-il mettre à la disposition des spécialistes ? Ou, plus globalement, quelle stratégie faut-il adopter en vue de mieux maîtriser cette pathologie ? Ce sont autant de questions auxquelles a tenté de répondre une pléiade d'imminents professeurs, chacun dans sa spécialité, à l'occasion d'une journée scientifique organisée, hier à Alger, par la Société algérienne de sénologie et de pathologie mammaire, (SASPM), fondée par le professeur Ahmed Bendib, chef du service sénologie du CPMC. Mise sous l'intitulé “Diagnostic, facteurs pronostiques et prédictifs du cancer du sein", cette rencontre a, certes, constitué une énième aubaine pour les spécialistes de mettre le doigt sur la plaie, mais ceci ne suffit pas, semble-t-il, devant la réalité du terrain qui reste terriblement confrontée au manque de volonté politique. C'est, du moins, ce qui se profile des propos tenus à cette occasion par le professeur A. Bendib qui n'a pas caché son scepticisme quant à voir venir une quelconque perspective positive pour le règlement de la question de prise en charge de la pathologie. “Il n'y a aucune perspective", a-t-il lâché, allusion faite à la lenteur des autorités compétentes à répondre aux requêtes formulées à maintes reprises par les professionnels de la santé. Le doyen des cancérologues au CPMC remet en cause notamment “le manque de réformes audacieuses de notre système de santé". Si le professeur Bendib accueille avec un certain soulagement “la généralisation des moyens matériels et la formation des personnels spécialisés qui concourent à la prise en charge du diagnostic du cancer du sein (...)", il relève, en revanche, que “beaucoup reste à faire". À ce titre, l'accent a été mis sur la nécessité d'introduire davantage d'équipements dont les nouvelles techniques de traitement par radiothérapie. “L'irradiation per opératoire accélérée du sein" et “l'intra-opératoire par radiothérapie". La radiothérapie “per opératoire", relève le Dr M. Bouchekoua, radiothérapeute au CHU Morvan de Brest, en France, ne remplace pas la radiothérapie classique, mais elle occupe “une place intéressante dans certaines indications". Elle est recommandée notamment pour le traitement des “tumeurs mineures". Dans son exposé présenté à l'ouverture des travaux, le même professeur a, par ailleurs, fait un état des lieux sur l'évolution du cancer du sein en Algérie, entre la période allant des années 1970 à ce jour. En termes d'incidence, il a relevé que le nombre de cas du cancer du sein est passé d'une centaine entre 1977 à près de 9 000 cas en 2010, et un peu plus aujourd'hui. Parmi les facteurs favorisant “l'accélération" de cette pathologie, M. Bendib citera la consommation des contraceptifs oraux, le déclin de façon importante de l'allaitement mammaire, ou encore le recul de l'âge du mariage chez les femmes algériennes. F A