Le projet prêté à Sonatrach d'implanter son propre réseau de stations de service et assurer leur gestion a du mal à passer chez les syndicalistes de Naftal qui s'interrogent sur les visées même d'une telle option. “C'est incompréhensible : on a beau chercher, il nous est difficile d'appréhender les motivations réelles de Sonatrach qui en viendrait ainsi à concurrencer sa propre filiale", a déclaré, hier, le secrétaire général, Sid-Ali Beldjerdi, à l'ouverture du conseil du syndicat national de Naftal réuni en session ordinaire à l'hôtel Mazafran, à Zéralda. À quoi obéit, en effet, une telle orientation ? Pour M. Beldjerdi, qui est également secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie, il existe une volonté manifeste de démanteler Naftal. Pour ce syndicaliste qui semble en avoir vu d'autres, ces velléités ne datent pas d'aujourd'hui. “C'est une vérité que nous avons vécue depuis au moins 1986, lorsque Naftal avait été amputée d'une activité importante : le raffinage." Propriété du groupe Sonatrach, Naftal n'a aujourd'hui pour unique fournisseur que la société mère pour exercer son activité principale, à savoir la commercialisation et la distribution des produits pétroliers et dérivés. Sonatrach, qui approvisionne également des concurrents à Naftal, n'accorde, d'après le syndicaliste, aucune mesure préférentielle à sa filiale. On pourrait croire que Sonatrach, en situation de monopole, veuille imposer de nouvelles “règles concurrentielles" à ses structures. Mais c'est loin d'être le cas puisque sa filiale à 100%, en l'occurrence Naftal, ne peut, en retour, faire appel à un autre fournisseur autre que sa maison mère. “Il s'agit donc de concurrence déloyale !" tempête le syndicaliste qui au-delà de ce paradoxe soupçonne “certains responsables" de Sonatrach de vouloir tout simplement liquider son entreprise. Et ce qui choque par-dessus tout M. Beldjerdi, c'est surtout “l'insulte" à l'intelligence des cadres de son entreprise. “Quelques responsables de Sonatrach s'imaginent que nos cadres et travailleurs sont incapables de se projeter dans la perspective de répondre aux règles de commercialité et aux exigences du marché", a-t-il révélé en présence du P-DG de Naftal, Saïd Akretch, et des principaux responsables de l'entreprise. Le responsable syndical, qui dit privilégier la voie du dialogue, promet de tirer au clair, pour sa part, les tenants et aboutissants d'une telle “stratégie". “Devrions-nous mettre de côté nos capacités d'analyse qui nous ont toujours éclairés ? N'avons-nous pas les ressources nécessaires pour faire entendre notre voix, celle de la raison ?" s'est-il interrogé face à ce qu'il considère de “marginalisation" de compétences “avérées et reconnues". Pour M. Beldjerdi, il y va surtout de la responsabilité des représentants syndicaux que de se concerter et de débattre de ces problèmes. Après avoir longuement fait état des “facteurs exogènes qui freinent l'essor de l'entreprise et qui réduisent son champ d'intervention et ses parts de marché", M. Beldjerdi n'exclura aucune action de protestation qui serait décidée pour défendre les intérêts de Naftal. C'est pourquoi, à la fin de son intervention, il a battu le rappel des travailleurs à l'effet de se mettre en “situation de mobilisation". M C L