La mise sous mandat de dépôt, dimanche dernier, de deux délégués du Snapap de la section du CHU d'Oran et l'interpellation le jour même de quatre autres adhérents est, pour l'ensemble des acteurs de la scène syndicale et pour l'ensemble des observateurs, sans commune mesure avec les faits reprochés à ces six syndicalistes. En effet, dans la soirée du 31 décembre 2003 (voir notre édition du samedi 3 janvier 2004), les officiers de la sûreté de wilaya procèdent à l'arrestation d'un délégué du Snapap, le second, absent de son domicile, se présentera, le samedi, au commissariat du 2e arrondissement, où il sera à son tour retenu. Ces interpellations faisant suite à une plainte du DG du CHU d'Oran, qui les accusent d'avoir proféré à son encontre “des insultes, menaces, et d'intrusion dans un bureau...” version qui est démentie par les membres de la section Snapap du CHUO, puisqu'ils avaient déjà été auditionnés pour cette affaire avant qu'on ne les arrêtent. Présentés, dimanche, devant le procureur du tribunal de Benzerdjeb, et après les avoir auditionnés pendant plusieurs heures, le procureur a décidé d'une mise sous mandat de dépôt de trois jours alors que leur dossier n'est pas passé en instruction. Les responsables du Snapap soulignent, à cet égard, la farouche volonté de nuire et de réprimer leurs adhérents : “le procureur a utilisé la procédure de citation directe alors que les délégués étaient pour l'un depuis trois jours en prison et l'autre depuis 24 heures...” et de poursuivre : “Devant le juge d'instruction, ils auraient été relâchés, car ce n'est pas pour des insultes que l'on peut se retrouver en prison, et pour les menaces, c'est faux, c'est la parole du DG contre la nôtre...!” Nos interlocuteurs nous ont fait parvenir un document daté du 7 juin, destiné au chargé de la sécurité du ministère de la santé et où le DG a rapporté avoir été informé par “un agent de sécurité que les membres du Snapap ont proféré des menaces à son encontre...” parce qu'il aurait refusé de “verser l'argent des œuvres sociales aux bénéfices des sinistrés du séisme du 21 mai comme le lui avait demandé les membres du bureau du Snapap”. Le document stipule, plus loin, que le chef de la sûreté de wilaya en a été informé et qu'il aurait promis de prendre les mesures nécessaires. Ainsi, pour la direction du Snapap, ces arrestations sont une véritable cabale menée contre ce syndicat autonome et ses adhérents. De plus, les quatre autres membres du Snapap, qui s'étaient présentés au tribunal en qualité de témoins dans cette affaire, ont, à leur tour, fait l'objet d'une interpellation pour “attroupement illégal”. Présentés, hier, devant le procureur et laissés en liberté, ils devront comparaître demain ainsi que leurs deux collègues qui sont incarcérés depuis 48 heures à la prison d'El-Kasba d'Oran. Par ailleurs, la section Snapap de la protection civile d'Oran a également mené une action de protestation pour que la direction accepte de négocier autour de leur plate-forme de revendications. Les membres du bureau ont entamé une grève de la faim. Nous venons d'apprendre qu'une commissions nationale a été dépêchée par la DG de la protection civile afin de discuter avec les grévistes et les représentants des travailleurs. Le mouvement de grève de la faim a cessé dès le moment où les discussions ont été entamées, nous explique notre source. Compte tenu de la situation grave qui prévaut à Oran avec l'incarcération de syndicalistes, de nombreuses réactions de protestation ont été rendues publiques par des syndicats autonomes, la LADDH. Le SG du Snapap a aussitôt pris attache avec des organismes internationaux de défenses de droits de l'homme afin de les interpeller sur les dépassements dont sont victimes leurs adhérents et lancer un appel pour que ceux-ci puissent être protégés. Au dernières nouvelles, nous apprenons que le ministère de la Santé a envoyé, hier, un courrier à la direction du Snapap appelant à une réunion de conciliation. L'objectif est, bien sûr, de désamorcer la grève que compte déclencher le syndicat à compter du 12 janvier prochain dans les hôpitaux. F. B.