Près de 4 500 spécialistes de la santé publique ont répondu favorablement à l'appel à la grève illimitée, lancé par le syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) à travers les quatre coins du pays. Hier, ils étaient des centaines, selon les organisateurs, à observer des piquets de grève, à l'intérieur des CHU et des secteurs sanitaires du pays, afin de dénoncer ce qu'ils qualifient de mépris des pouvoirs publics, quant à la satisfaction de leurs revendications. “Le ministre de la santé avait promis, en 2002, que toutes nos revendications seront prises en charge, mais rien n'a été fait jusqu'à aujourd'hui”, affirme un médecin spécialiste gréviste, du centre hospitalo-universitaire de Bab El-Oued. À Tizi Ouzou, le mot d'ordre lancé par le syndicat des praticiens a été largement suivi. Les médecins ont dans une large majorité débrayé, même si un service minimum a été assuré. Toutefois, ce mouvement de protestation a occasionné quelques perturbations dans certains hôpitaux et secteurs sanitaires. La même situation a été vécue également dans la wilaya d'Oran. “Cet énième dépassement vise à faire barrage à l'émergence de toute forme de luttes syndicales”, lit-on dans une déclaration transmise à notre bureau régional. À l'est du pays, précisément dans la wilaya de Constantine, la grève a été partiellement suivie. Selon notre correspondant, le taux de suivi est estimé à 30%. Mais ce suivi “timide” risque de se généraliser, comme ce fut le cas en 2002, si le ministre “persiste à jouer la sourde oreille”. Signalons que la décision de reprendre le mouvement de grève a été décidée à la suite de la non-concrétisation des accords conclus avec les autorités concernées et qui portaient sur les mesures d'urgence qui devaient être réglées dans un délai de temps ne dépassant pas les deux mois. “Les mesures d'urgence promises par le ministère de la santé n'ont pas été appliquées. À commencer par les dispositions transitoires qui permettent aux anciens spécialistes de bénéficier de leurs intégrations. Pour les nouveaux, d'accéder aux dispositifs de concours, et aux primes d'encadrement, de responsabilité, sans oublier de la régularisation à des postes supérieurs”, affirme M. Youcefi, président du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique. Et d'ajouter : “Le report de l'assemblée générale, prévue le 15 octobre dernier, intervient suite au changement du ministre de la santé, pour permettre au nouveau responsable le temps de plancher sur le dossier.” Il soutient que le syndicat a prouvé sa bonne volonté de trouver un épilogue en suspendant le mouvement de débrayage au mois de novembre 2002, afin de laisser le temps aux “décideurs” d'honorer leur engagement. “Nous étions obligés de geler la protestation une deuxième fois, après le tremblement de terre qui a frappé les deux wilayas d'Alger et de Boumerdès, mais les autorités concernées semblent peu soucieuses des problèmes de la santé publique”, a-t-il déclaré. Cependant, celui-ci ne comprend pas les raisons qui poussent le ministère de tutelle au pourrissement de la situation, non sans préciser sa conviction que le blocage se situe au niveau de certains responsables du ministère de la santé. “Le gouvernement pousse les praticiens spécialistes de la santé publique à rentrer dans le secteur privé, aux dépens des malades”, réaffirme le responsable du syndicat. N. A./correspondants