L'historien est revenu dans sa conférence, samedi dernier, au centre des loisirs scientifiques, sur le devoir de protéger notre patrimoine et l'urgence d'écrire notre histoire. “Le patrimoine est un héritage physique matériel et immatériel", a précisé Belkacem Babaci. Cette déclaration sur sa définition de nos acquis historiques a été faite lors de la conférence-débat sur “Alger et son patrimoine". Cette rencontre avec l'historien et chercheur s'est tenue, avant-hier, dans le cadre du programme hebdomadaire “Samedi littéraire", elle a été organisée par l'Etablissemenr Arts et Culture au centre des loisirs scientifiques. Ce qui nous intéresse, c'est le patrimoine propre du terme, à savoir “mémoires, culture et histoire", a-t-il ajouté. Avec un esprit critique, et parfois consterné, Belkacem Babaci est revenu sur ce qui est devenu notre héritage historique algérois. “Il y a des sites qui recèlent beaucoup de richesses patrimoniales. Mais, ils restent inexploités car nous avons la tête ailleurs", a-t-il accusé. Pour le patrimoine matériel, Belkacem Babaci prend pour exemple les différents palais algérois, comme celui de Khdawedj El-Amya (maison de la fille de Hassane El-Khaznadji). “Selon la légende, la jeune fille était aveugle. La légende rentre dans le patrimoine", explique-t-il. Parmi les édifices patrimoniaux, le conférencier cite Dar Mustapha-Bacha. Il était passionné par l'architecture de Nerdjess, l'ancienne pouponnière. Il a construit les villas d'El-Fahs qui ont été prises par les Anglais, comme Djnane El-Mefti, Djnane Mustapha-Raïs, Djnane El-Khiat, ou encore Dar Hassane Pacha. C'est Hassane El- Kheznadji qui est devenu Dey. Il ajoute aussi qu'il y avait une certaine rivalité entre les deys ; “chacun voulait donner à son palais un cachet extraordinaire". Durant la conférence, Belkacem Babaci a attiré l'attention en insistant aussi sur le devoir de protéger notre patrimoine. “Il y a un nombre considérable de vestiges et monuments qui nous rappellent toute une époque, et qui remontent à trois siècles et demi. Ces richesses rentrent dans le portefeuille patrimonial", a-t-il souligné. Au cours de la conférence, l'historien a mis l'accent sur la renaissance de notre patrimoine. “Cela permettrait une reconstitution historique qui permettra à nos enfants de faire un parallèle entre une vie paisible, simple, où il n'y avait pas tous ces problèmes, car cela fait partie de l'identité". Pour Belkacem Babaci, la littérature pour enfant est aussi importante, car cela donnerait aux enfants la possibilité de se rapprocher de leur histoire. “Nous n'avons pas de littérature pour enfants, nous sommes stagnés sur Le chat botté et Blanche-Neige", a-t-il fait savoir. Et de proposer : “Nous possédons tellement de belles histoires et légendes que l'on peut présenter sous formes de documentaires et dans des CD". Concernant l'écriture de notre histoire : “Les Arabes n'ont pas écrit notre histoire, même jusqu'à l'heure actuelle, à quelques exceptions près", a-t-il signalé. “Nous avons perdu Abderrahmane El-Djilali, Mahfoudh Keddache, Mustapha Lachref, Belhamici ; qui va rapporter toute notre histoire ?" s'est-il demandé. Il a, par ailleurs, affirmé qu'il n'existe pas de livres qui relatent l'histoire de la capitale. “Alger a été décrite par les historiens sur son aspect extérieur. Mais rien sur la ville elle-même. Le seul qui a parlé de la vie intime, c'est De Paradou au 18e siècle. Car, c'était un espion". Pour conclure, le chercheur en histoire s'est interrogé sur la possibilité d'écrire sur la révolution dans sa réalité qui reste “difficile". I A